Le climat politique en République Démocratique du Congo semble encore une fois marqué par des affrontements verbaux et des prises de position controversées. Samedi 1er mars, Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du Parti Politique pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), a été reçu par Jacquemain Shabani, vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et de la Sécurité. Cette rencontre intervient suite à des déclarations incisives faites par les dirigeants du PPRD dans le sillage de la sortie médiatique de l’ancien président Joseph Kabila.
Dans une déclaration qui a suscité de vives réactions, Aubin Minaku, vice-président du PPRD, a affirmé : « Le Chef a dit, il faut être prêt à tout […], fini le moment du silence, des actions clandestines, maintenant c’est le moment des actions ouvertes. » Cette prise de position ouverte marque un tournant dans la stratégie de communication du parti, qui depuis sa relégation dans l’opposition après la chute de Kabila semble chercher à imposer un discours plus musclé.
Emmanuel Ramazani Shadary, l’ancien candidat à la présidentielle, s’est expliqué auprès du vice-premier ministre, affirmant que les messages du PPRD sont avant tout destinés à la population. « Nous communiquons pour que vous puissiez changer d’approche, pour que le pays soit bien géré. […] Nous sommes respectueux de la Constitution et des lois de notre pays », a-t-il déclaré. Cette défense vise à consolider l’image du PPRD en tant qu’opposition responsable, tout en critiquant ouvertement la gouvernance actuelle du régime en place, que Shadary qualifie de « finissant ».
Sur fond d’allégations et de soupçons, la figure de Joseph Kabila, ancien chef de l’État, reste au centre de l’actualité politique. Le Président Félix Tshisekedi ne mâche pas ses mots ; lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, il a accusé son prédécesseur de soutenir indirectement la rébellion de l’AFC/M23, qui agit avec le soutien présumé du Rwanda. « C’est mon prédécesseur, Joseph Kabila, qui est le commanditaire, mais il ne l’avoue pas. Il n’assume pas ses actions », a déclaré Félix Tshisekedi sur un ton ferme. Ces accusations renforcent les tensions entre le pouvoir actuel et l’opposition, jetant une ombre sur les efforts de réconciliation en RDC.
Alors que le PPRD affirme vouloir jouer pleinement son rôle en tant qu’opposition, cette prise de bec montre que les rivalités entre les figures politiques clés du pays sont loin de s’apaiser. Dans un contexte marqué par des problèmes de gouvernance et des crises sécuritaires récurrentes, l’opposition et le pouvoir en place devront néanmoins trouver des terrains d’entente pour répondre aux attentes d’une population souvent laissée pour compte. Les prochains mois promettent d’être décisifs alors que les fractures politiques continuent de se creuser.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd