Face à une urgence humanitaire sans précédent, la République Démocratique du Congo (RDC), en partenariat avec les Nations-Unies, a lancé un Plan de réponse humanitaire 2025. Dévoilé à Kinshasa, ce projet ambitieux nécessite un financement de 2,54 milliards de dollars pour venir en aide à 11 millions de personnes. Parmi ces bénéficiaires, 7,8 millions sont des déplacés internes, reflétant l’une des situations les plus préoccupantes au niveau mondial. Mais pourquoi une telle mobilisation aujourd’hui ?
Dans un pays en proie à une “polycrise” multidimensionnelle, le moment semble crucial. Trois éléments exacerbent cette crise : la montée de la violence armée de l’Ituri au Tanganyika, la présence continue des rebelles du M23 dans des zones importantes du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, ainsi qu’une défaillance aiguë de financement humanitaire. Ce contexte fragilise davantage des provinces déjà secouées par des épidémies, des violences intercommunautaires et une insécurité alimentaire croissante.
Bruno Lemarquis, haut fonctionnaire onusien, a souligné que la suspension des financements américains représente un obstacle majeur. “Aujourd’hui, la suspension des financements via l’USAID met en péril l’assistance pour des millions de personnes”, a-t-il averti. Les États-Unis, qui étaient en 2024 les principaux contributeurs à l’aide humanitaire en RDC avec 70 % des financements, ont drastiquement réduit leur appui, entraînant l’arrêt d’importantes opérations sur le terrain. En 2024, leur participation avait permis de récolter 1,3 milliard de dollars pour secourir 7,1 millions de personnes. Ces contributions étaient vitales pour stabiliser quelque peu la situation.
Mais la crise humanitaire en RDC dépasse les chiffres. Derrière les statistiques se cache une souffrance humaine intolérable. Des millions de familles survivent sous des bâches précaires alors que de nouveaux déplacés affluent tous les jours, fuyant l’insécurité et les conflits. Des enfants grandissent sans jamais connaître un environnement stable, et les violences sexuelles continuent de briser des vies. Hélas, l’accès humanitaire pour soutenir ces victimes s’amenuise, et la spirale de violences demeure ininterrompue.
Les répercussions de cette crise s’étendent bien au-delà des Kivus. Elles bousculent les dynamiques régionales, menaçant une conflagration encore plus grande dans la sous-région, où les besoins sont déjà immenses. L’offensive du M23, soutenue par des acteurs extérieurs, alourdit le fardeau. En plus des déplacements massifs de populations, de graves violations des droits humains s’enregistrent dans les zones de conflit, aggravant encore le tableau dramatique.
Afin de faire face à cet engrenage de crises, le Coordonnateur des opérations humanitaires appelle les partenaires internationaux à intensifier leur soutien. “Nous devons collectivement prendre toute la mesure de l’ampleur du tournant actuel”, a-t-il plaidé. Il est urgent de dégager des financements supplémentaires pour limiter les impacts de cette “polycrise” qui menace maintenant l’ensemble du pays. Mais dans un contexte de gels d’aide internationale, notamment américain, où trouver les ressources nécessaires ?
Alors que la situation humanitaire en RDC atteint un niveau critique, ce nouveau plan dévoilé à Kinshasa représente peut-être la dernière opportunité pour éviter une catastrophe d’envergure. Les communautés nationales et internationales sauront-elles se mobiliser à temps pour répondre à ce défi périlleux ? Une chose est certaine, l’urgence perdure et la pression s’intensifie.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
