Kinshasa retient son souffle devant le chantier interminable du Stade des Martyrs. Quatre années se sont écoulées depuis le lancement officiel des travaux de rénovation, transformant ce temple du football congolais en symbole criant des retards infrastructurels qui paralysent le sport national. À quand une solution définitive pour ce fleuron délabré ?
Le ballet ministériel tourne à la farce tragique. Depuis la visite de Serge Nkonde en août 2021 – promettant alors des travaux achevés pour le 20 août – jusqu’à l’annonce fracassante de Didier Budimbu en juin 2025, chaque passage de témoin ressemble à un remake désespérant. « En septembre, on aura un stade digne du grand Congo », clame le dernier ministre en date. Mais les supporters, eux, comptent les sacs de ciment inutilisés plutôt que les promesses.
Les conséquences sportives sont lourdes comme un penalty manqué. La non-homologation persistante par la Confédération Africaine de Football (CAF) prive la RDC d’organiser des rencontres continentales dans son antre légendaire. Pire encore : la réception du Sénégal pour les Éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 se joue désormais contre la montre. Comment croire à une métamorphose en deux mois quand quatre ans n’ont suffi qu’à des travaux cosmétiques ?
Sur le terrain, le constat est accablant. Les « rénovations » précédentes, qualifiées officiellement d’« insuffisantes », se résumaient à un coup de peinture sur des structures fissurées. La récente fermeture annoncée pour juillet sonne comme un aveu d’échec retentissant. Chaque nouvel épisode de ce feuilleton kinois renforce l’image d’une gouvernance hasardeuse où les dossiers chauds passent de main en main comme un ballon empoisonné.
L’Inspection Générale des Finances (IGF) a pourtant tiré la sonnette d’alarme en lançant une mission de contrôle sur la destination des fonds alloués. Mais sur le béton craquelé du Martyrs, les ombres persistent. Où sont passés les millions destinés à la réhabilitation ? Pourquoi ce chantier vit-il au rythme d’un « jogging sous morphine » selon la formule cinglante des observateurs ?
Cette saga éreintante dépasse le cadre sportif. Elle cristallise la défiance populaire face aux engagements non tenus. Les Léopards, privés de leur tanière, deviennent malgré eux les victimes collatérales d’un système où l’urgence permanente étouffe toute vision à long terme. Le stade des Martyrs n’est plus seulement un chantier : c’est le miroir grossissant des dysfonctionnements congolais.
Pendant ce temps, les ouvriers contemplent des échafaudages immobiles. Le compte à rebours avant la visite des Sénégalais a commencé, implacable. La RDC parviendra-t-elle à éviter un nouvel affront devant toute l’Afrique ? Ou devra-t-elle encore supplier le TP Mazembe de prêter son enceinte de Lubumbashi, comme lors des précédents recalages ? L’honneur du football congolais se joue désormais entre les fissures du béton et le calendrier impitoyable de la CAF.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: footrdc.com