Des ventres vides et des champs ravagés : à Mbinga Nord, territoire de Kalehe, la famine n’est plus une menace lointaine mais une réalité mordante. Les pluies torrentielles, véritables fouets célestes, et les éboulements meurtriers ont transformé les cultures vivrières en paysages lunaires. Le manioc, pilier alimentaire, gît sous des tonnes de boue, laissant des communautés entières en proie à une insécurité alimentaire criante.
« La terre nous échappe », alerte Benjamin Mungazi, notable de la société civile locale. Les causes ? Un cocktail explosif : des propriétaires terriens qui verrouillent l’accès aux parcelles, des sols exsangues après des décennies de déforestation en RDC pour le charbon et les planches, et l’ombre permanente des groupes armés. « Comment cultiver quand chaque sillon creusé peut être votre tombe ? », interroge-t-il, évoquant la peur des « inciviques mal intentionnés » qui paralyse les bras valides.
Cette catastrophe naturelle au Sud-Kivu cache une tragédie humaine. Les collines dénudées, saignées par l’érosion, ne retiennent plus les eaux. Les grêlons, pareils à des balles, achèvent ce que les glissements de terrain ont épargné. Résultat : des terres arables devenues mirages, et une famine à Kalehe qui s’installe comme un hôte indésirable.
Face à l’urgence, la Nouvelle société civile brandit des solutions. Priorité absolue : la reforestation de Mbinga Nord. « Sans arbres, nos collines sont des blessures ouverttes », insiste un rapport. Vallées et zones exposées doivent être reverdies d’urgence pour briser l’engrenage des éboulements. Mais la survie immédiate passe aussi par l’agriculture : arachides, soja, maïs, patates douces – des cultures diversifiées pouvant donner des récoltes en quatre mois.
L’appel est lancé : une mobilisation communautaire pour des actions concrètes. Reboiser, oui, mais aussi former aux techniques agroécologiques, sécuriser les champs, et briser le monopole des cultures traditionnelles. Car chaque jour sans réponse aggrave l’hémorragie. Les forêts assassinées ne retiennent plus les sols, les pluies deviennent des déluges, et les greniers restent désespérément vides. Combien de ventres devront encore crier famine avant que Kalehe ne se réveille ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net