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Niangara : Le cœur oublié de l’Afrique se meurt dans l’indifférence des autorités

Au cœur du territoire de Niangara, dans le Haut-Uele, un symbole continental agonise dans le silence. Le monument marquant le centre géographique de l’Afrique, censé incarner l’unité et l’histoire d’un continent, se fond progressivement dans les griffes de la végétation et de l’oubli. Ses pierres érodées, pareilles à des pages jaunies d’un livre abandonné, racontent une autre histoire : celle d’une mémoire collective en péril.

Imaginez : une stèle qui devrait rayonner comme un phare culturel, réduite à l’état de fantôme architectural. Les couleurs passées de ses inscriptions ressemblent à des larmes séchées sur le visage du temps. Le vent qui balaie la savane alentour murmure-t-il encore les discours d’antan, lorsque ce site stratégique du nord-est de la RDC vibrait de promesses touristiques ?

La récente visite du gouverneur Jean Bakomito dans la région a fait resurgir un plaidoyer poignant. La cheffe locale du tourisme, voix tremblante d’une urgence contenue, a lancé un appel au secours : « Nous demandons que le site du centre d’Afrique bénéficie d’une attention similaire à la réhabilitation des routes ». Ses mots, tranchants comme un couperet, révèlent l’absurdité d’un paradoxe : comment un gouvernement provincial peut-il pavoiser sur la connectivité routière tout en laissant pourrir les racines de son identité culturelle ?

Ce monument n’est pas qu’un amas de pierres négligé. Il représente le nombril d’un continent, un point de convergence géographique qui pourrait devenir le carrefour de flux touristiques salvateurs. Les chutes de Nadumbe toute proches, les sites dédiés à la bienheureuse Anoalite Nengapeta Marie Clémentine – tout un écosystème patrimonial attend son réveil. Mais le programme quinquennal de revitalisation semble s’être évaporé comme mirage sous le soleil équatorial.

Qui pourrait chiffrer le coût de cette amnésie institutionnelle ? Les herbes folles qui envahissent les lieux étouffent aussi les espoirs des communautés locales. Chaque brique effritée emporte avec elle un fragment de potentiel économique. Le tourisme – national comme international – ne demande qu’à écrire de nouveaux chapitres dans cette région, à condition qu’on lui offre un récit digne d’être conté.

Les autorités provinciales et nationales semblent pourtant sourdes à cette symphonie inachevée. Entre les promesses non tenues et les budgets fantômes, le centre de l’Afrique se meurt en périphérie des priorités politiques. Pendant ce temps, des trésors historiques sombrent dans l’indifférence, emportant avec eux des opportunités de développement qui pourraient redessiner le visage du Haut-Uele.

La réhabilitation de ce site ne serait pas qu’un geste patrimonial. Ce serait un acte de résistance contre la fatalité, une déclaration d’amour à une Afrique qui honore ses repères. À l’heure où le monde se tourne vers les tourismes alternatifs et mémoriels, la RDC joue-t-elle son rôle de gardienne des mémoires continentales ? Ou préfère-t-elle laisser d’autres écrire à sa place l’histoire de ce point nodal africain ?

Les pierres de Niangara, dans leur mutisme éloquent, continuent d’attendre. Elles attendent que les pelleteuses viennent remplacer les ronces, que les circuits touristiques supplantent les sentiers d’abandon. En elles persiste cette foi tenace : qu’un jour, le cœur géographique de l’Afrique retrouvera son battement régulier, entraînant dans sa pulsation la renaissance économique de toute une région.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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