Ce samedi 1er mars, le Ciné-club Minzoto, en partenariat avec l’Institut Français de Kinshasa, a offert aux cinéphiles une plongée captivante dans l’histoire du cinéma africain à travers la projection du documentaire “Au cimetière de la pellicule” du réalisateur guinéen Thierno Souleymane Diallo. Ce film, tourné autour de la quête passionnée d’un trésor cinématographique disparu, a suscité un vif intérêt et un débat enflammé sur la conservation du patrimoine culturel africain, congolais en particulier.
Le film suit les pas du cinéaste Diallo alors qu’il plonge dans l’histoire troublante du cinéma noir africain francophone des années 1950. “Mouramani”, considéré comme la première production cinématographique d’Afrique francophone, est au cœur de cette quête. Étrangement, l’œuvre semble avoir disparu de la mémoire collective et matérielle, rendant cette recherche presque métaphorique pour bon nombre d’artistes. Cette absence d’archives est emblématique des défis auxquels sont confrontés les créateurs africains dans la conservation et la transmission de leur art.
Le débat qui a suivi la projection a réuni des réalisateurs, des critiques et un public passionné. Junior Assani, réalisateur congolais de renom, a partagé son propre combat pour préserver ses œuvres cinématographiques, relatant notamment la perte dramatique de productions stockées sur des supports numériques défectueux. Assani milite désormais pour la mise en place de structures telles que des conservatoires dédiés à la préservation des films.
Les discussions se sont également intéressées à la responsabilité des États africains, notamment du Congo, dans le maintien de leur mémoire culturelle. La création de musées, la numérisation des films ou encore la restauration d’œuvres endommagées ont été évoquées comme des solutions prioritaires pour sauvegarder le patrimoine. Cependant, ces initiatives exigent des moyens techniques et financiers, qui font cruellement défaut à l’heure actuelle. Ailleurs dans le monde, des institutions telles que la National Film Preservation Foundation aux États-Unis ou le musée du film chinois témoignent de l’importance d’une telle démarche.
Peter Miyalu, initiateur du Ciné-club Minzoto, a souligné l’objectif de son initiative : promouvoir le dialogue autour du cinéma congolais et international. Loin des tribunes temporaires des festivals, ce cadre se veut pérenne et accueillant pour permettre analyses et échanges entre professionnels et amateurs.
Depuis son lancement en 2022, Ciné-club Minzoto investit divers lieux comme l’Institut Français de Kinshasa ou le centre culturel Ntongo Elamu, donnant vie à des discussions enrichissantes après les projections. Sa démarche s’étend même au-delà de la capitale, avec des séances organisées à des endroits plus enclavés comme Kwilungongo, preuve de son engagement à démocratiser la culture cinématographique en RDC.
Alors que la prochaine projection est prévue le 29 mars, l’expérience du film documentaire de Thierno Diallo résonne comme un appel vibrant pour les créateurs et institutions africains à valoriser, protéger et transmettre leur héritage culturel avant qu’il ne devienne définitivement “au cimetière de la pellicule”.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd