La Réserve naturelle de Sarambwe, ce joyau écologique frontalier entre la RDC et l’Ouganda, respire aujourd’hui un air de précarité alarmant. Alors que cette aire protégée célébrait ses 19 ans d’existence ce jeudi 3 octobre, un constat amer s’impose : l’attention gouvernementale s’amenuise dangereusement pour ce sanctuaire abritant les majestueux gorilles de montagne.
Comment expliquer ce désintérêt progressif pour un patrimoine naturel d’importance internationale ? La société civile de Goma tire la sonnette d’alarme, interpellant l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) sur l’urgence d’initier des projets à impact communautaire pérennes. La survie même de la Réserve Sarambwe en dépend.
Elias Muhindo, voix autorisée de la société civile environnementale, déplore cette situation tout en saluant les timides avancées. « Nous encourageons quand même l’ICCN », nuance-t-il, reconnaissant que quelques jeunes bénéficient désormais de formations de pisteurs et de gardes. Un système rotatif ingénieux permet à différentes familles de travailler mensuellement dans la réserve, offrant ainsi des revenus de subsistance essentiels.
Mais cette initiative, aussi louable soit-elle, ressemble à une goutte d’eau dans l’océan des besoins. La Réserve Sarambwe, véritable poumon vert du Nord-Kivu, mérite bien plus qu’une attention sporadique. Les projets communautaires de conservation représentent-ils la clé pour concilier protection environnementale et développement local ?
La réponse semble évidente. Lorsque les populations riveraines deviennent actrices de la préservation, l’engagement prend racine. Le modèle de rotation employé à Sarambwe démontre qu’une symbiose entre humains et nature reste possible, même dans cette région du territoire de Rutshuru longtemps meurtrie par les conflits.
Pourtant, le chemin reste semé d’embûches. La faible implication de l’État congolais dans la gestion de ce patrimoine naturel unique interroge. Comment justifier ce relatif abandon alors que les gorilles de montagne, espèce emblématique et menacée, trouvent refuge dans ces forêts ? La réserve Sarambwe n’est-elle pas un atout majeur pour le développement écologique de toute la région ?
Les initiatives de l’ICCN au Nord-Kivu doivent s’intensifier, s’institutionnaliser, se pérenniser. La formation de gardes et pisteurs locaux constitue une première étape encourageante, mais insuffisante face à l’ampleur des défis. L’asphyxie financière guette cette réserve qui joue pourtant un rôle crucial dans l’équilibre écologique transfrontalier.
La société civile environnementale de Goma ne baisse pas les bras. Son plaidoyer pour des projets communautaires structurants représente un cri du cœur pour la conservation intelligente. Une conservation qui ne se contente pas de protéger les gorilles, mais qui intègre les communautés humaines dans une dynamique vertueuse de préservation.
À l’heure où les écosystèmes congolais subissent des pressions croissantes, la Réserve Sarambwe incarne un espoir fragile. Son sort dépendra de la capacité des autorités à entendre l’appel des défenseurs de l’environnement et à transformer les projets pilotes en programmes durables. L’avenir des gorilles de montagne en RDC, et celui des populations qui en dépendent, se joue aujourd’hui dans ces forêts frontalières du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
