Dans un geste chargé de symbolisme, Joseph Kabila, président honoraire de la République Démocratique du Congo, a tendu l’oreille ce jeudi 26 juin aux voix unies des confessions religieuses du Sud-Kivu. Églises de réveil, Kimbanguistes, musulmans et Anglicans ont présenté leurs propositions pour résoudre la crise Est RDC, lors de consultations Sud-Kivu qui s’inscrivent dans une fragile quête de stabilité. L’imam Saleh Radjabu, porte-parole de cette plateforme religieuse, a lancé un appel sans détour : ‘La solution, c’est de se retrouver sur la même table et discuter des problèmes qui nous divisent’. Une injonction qui résonne comme un défi aux divisions persistantes.
Ces mots, prononcés au sortir de l’entretien, cachent-ils une critique voilée de l’éparpillement des initiatives ? ‘Les leaders de notre pays doivent comprendre que le pays n’appartient pas à une seule personne’, a-t-il insisté, ajoutant avec une gravité calculée : ‘Nous sommes tous concernés pour ramener la paix’. Cet appel à l’unité, teinté d’urgence, survient alors que les consultations de Bukavu entament leur deuxième jour. Mercredi, les chefs coutumiers de la province avaient ouvert le bal, évoquant des échanges ‘axés sur la paix’. Mais cette multiplication des tables rondes suffira-t-elle à apaiser un conflit aux racines profondes ?
La démarche de Joseph Kabila s’apparente à une stratégie en escalade. Après un mois de pourparlers à Goma, où il s’est entretenu avec les autorités de la rébellion AFC/M23 et diverses couches sociales, le voilà qui déplace son champ d’action vers le Sud-Kivu. Cette continuité géographique dessine-t-elle une tentative de maillage territorial ou révèle-t-elle les limites d’une approche fragmentée ? Les religieux, en brandissant l’impératif du dialogue inclusif, pointent du doigt un écueil majeur : la tentation des solutions unilatérales dans une crise où les intérêts s’entrechoquent.
Derrière les déclarations de paix Bukavu se profile un enjeu crucial de crédibilité. Si Kabila parvient à transformer ces consultations en catalyseur de consensus, il pourrait se poser en médiateur incontournable. Mais l’échec, lui, risquerait d’enfoncer un peu plus l’Est dans le cycle infernal des violences. Les prochains jours diront si cette plateforme religieuse a offert une feuille de route viable ou si elle restera un vœu pieux dans l’océan des initiatives avortées. Car comme le rappelle l’imam Radjabu, dans cette partie d’échecs politiques, ‘chacun de nous’ détient une pièce du puzzle.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd