« Nous attendons ce moment depuis des années », soupire Mama Léontine, vendeuse de légumes évincée du marché Zando depuis sa fermeture. Comme des milliers de commerçants kinois, elle guette avec impatience la réhabilitation du marché central de Kinshasa, épicentre économique paralysé. Ce samedi 21 juin, une lueur d’espoir s’est allumée : le gouverneur Daniel Bumba Lubaki a mené une inspection minutieuse du chantier aux côtés des membres du gouvernement provincial et de l’Assemblée provinciale de Kinshasa (APK).
Sur le terrain poussiéreux, les autorités ont constaté une progression significative des travaux. Combien de temps encore avant la réouverture ? Les projections annoncent une livraison dans quatre mois, une promesse qui soulève autant d’espoirs que de scepticisme dans une ville habituée aux retards infrastructurels. Le chantier phare comprend la construction de 5000 étalages modernes, conçus pour offrir aux commerçants un cadre digne et fonctionnel. Mais l’ambition va plus loin : deux fosses septiques équipées de systèmes de traitement d’eau, deux forages et deux restaurants de 200 places chacun sont en cours de finalisation. Ces infrastructures, cruciales pour l’hygiène publique, devraient être achevées d’ici trois mois.
Pourquoi ce marché central, surnommé affectueusement « Zando » par les Kinois, est-il si vital ? Le gouverneur Bumba l’a rappelé avec force : « C’est le poumon économique de notre capitale ». Fermé depuis plusieurs années, son absence a fracturé le tissu commercial informel, dispersant des milliers de vendeurs dans des conditions précaires le long des artères urbaines. Les autorités provinciales ont lancé un appel solennel à la patience, reconnaissant les sacrifices quotidiens des petits commerçants. « La réouverture du marché Kinshasa symbolisera notre renaissance économique », a souligné un député provincial présent lors de la visite.
Cette inspection conjointe n’est pas qu’un simple déplacement protocolaire. Elle révèle une mobilisation inédite de l’exécutif et de l’APK pour accélérer ce projet prioritaire. Les travaux marché Zando incarnent plus qu’une rénovation physique ; ils représentent un pari sur l’avenir des classes populaires. Qu’adviendra-t-il des vendeurs des rues lorsque les portes s’ouvriront ? La question plane, alors que le chantier avance à un rythme soutenu. Des grues hissent des poutres d’acier tandis que des ouvriers s’affairent sur les fondations des futurs restaurants, sous le regard mixte d’espoir et de lassitude des riverains.
L’infrastructure économique Kinshasa en sortira transformée, mais les défis persistent. L’accès équitable aux nouveaux étalages, la gestion des déchets et la réintégration des commerçants informels constituent autant de bombes à retardement sociales. La réhabilitation marché central Kinshasa doit éviter l’écueil d’une gentrification excluante. Comme le murmure un ancien vendeur de poissons : « Ce marché était notre maison. Espérons qu’on nous y laissera entrer ». Dans quatre mois, Zando rouvrira ses portes. Entre-temps, c’est toute l’âme commerçante de Kinshasa qui retient son souffle.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd