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Parlement européen RDC : Hilde Vautmans dénonce le Rwanda après la chute d’Uvira

Dans l’hémicycle de Strasbourg, l’urgence congolaise a une fois de plus forcé les portes de l’agenda européen. Sous la présidence de la députée belge Hilde Vautmans, une session d’information du Parlement européen s’est tenue ce mercredi 17 décembre 2025, disséquant la situation sécuritaire et humanitaire catastrophique dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. L’élément déclencheur ? La chute de la ville stratégique d’Uvira aux mains de la rébellion de l’AFC/M23, un groupe armé dont les soutiens rwandais ne sont plus un secret pour personne. Alors que Washington croyait avoir scellé une paix fragile, la prise d’Uvira est venue rappeler, avec une brutalité glaçante, que la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) suit sa propre logique, indifférente aux paraphes diplomatiques.

Hilde Vautmans, présidente de la délégation du Parlement européen auprès de l’Assemblée parlementaire Afrique-UE, n’a pas mâché ses mots. « Je suis profondément attristée de devoir convoquer une nouvelle réunion », a-t-elle lancé, pointant du doigt le « non-respect des accords de Washington » par le Rwanda. Son constat est sans appel : l’encre de l’accord n’a pas séché que déjà les violences redoublent, avec un recours accru à des drones suicides et à l’artillerie. Le message de la députée européenne est clair : Kigali entraîne toute la région des Grands Lacs vers un abîme d’instabilitė. Mais au-delà des condamnations verbales, l’Europe a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

Dans les travées du Parlement européen, une autre voix a résonné avec force : celle de la diaspora congolaise de Belgique. Présente en force à Strasbourg, elle a transformé cette session d’information en tribune pour l’action. Un mémorandum a été remis à Hilde Vautmans, exigeant non pas des déclarations d’intention, mais des actes concrets. Le cœur de leur demande ? L’imposition de sanctions contre le Rwanda et ses alliés du M23, ainsi qu’un mécanisme strict de contrôle et de conditionnalité pour toutes les coopérations européennes. « Le Parlement dispose d’un pouvoir politique réel », rappelle le document, insistant sur la nécessité de briser l’impunité et de conditionner toute aide à des progrès vérifiés sur le terrain. Cette intervention de la diaspora congolaise Belgique marque un tournant : la communauté congolaise à l’étranger s’organise et veut peser sur le levier européen.

La chute d’Uvira n’est pas qu’un épisode de plus dans un conflit chronique. Cette ville constitue un verrou stratégique pour le gouvernement congolais dans le Sud-Kivu. Sa perte offre au M23, et par extension à son soutien rwandais, une porte d’entrée potentielle vers le Grand Katanga, le poumon économique du pays. Le calcul du M23 et de Kigali semble être un mélange de démonstration de force et de manœuvre tactique. En effet, sous la pression internationale, notamment celle des États-Unis, l’AFC/M23 a annoncé un retrait unilatéral de ses forces d’Uvira quelques jours après l’avoir conquise. Un retrait qui ressemble à une pause stratégique plus qu’à une renonciation, visant à donner « une chance aux processus de paix en cours » selon les termes de Corneille Nangaa, coordonnateur politique du groupe rebelle. Ce jeu de go militaire et diplomatique laisse les populations civiles en otage, subissant déplacements massifs, exactions et une crise humanitaire d’une ampleur vertigineuse.

Cette session du Parlement européen RDC s’inscrit dans une série de prises de position de plus en plus fermes de l’Union européenne. Déjà en février dernier, après la prise de Goma et Bukavu, les eurodéputés avaient voté à une large majorité une résolution sommant le Rwanda de retirer ses troupes de la RDC. La machine diplomatique européenne semble donc s’être mise en marche, mais à quel rythme ? Les déclarations de Hilde Vautmans et les demandes de la diaspora pointent le même défi : transformer la pression politique en mesures coercitives efficaces. Les sanctions contre le Rwanda, souvent évoquées, seront-elles enfin mises en œuvre avec la rigueur nécessaire pour infléchir la conduite de Kigali ?

La balle est désormais dans le camp des institutions européennes. Le Parlement a montré sa volonté ; la Commission et le Conseil des affaires étrangères auront-ils le courage de suivre ? L’appel de la diaspora congolaise Belgique pour un contrôle public de l’application des sanctions est un test de crédibilité pour l’UE. Dans l’Est de la RDC, chaque jour de retard se paie en vies humaines. La communauté internationale, et l’Europe en particulier, joue gros dans ce dossier. Son incapacité à faire respecter ses propres principes et résolutions pourrait non seulement aggraver la crise congolaise, mais aussi durablement entamer son autorité morale et son influence sur la scène mondiale. Le retrait du M23 d’Uvira est un leurre si le soutien rwandais perdure. La vraie question reste : comment contraindre Kigali à choisir définitivement la voie de la paix ?

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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