La province du Sud-Kivu traverse une crise humanitaire d’une ampleur alarmante. Selon le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), publié le 22 août, les affrontements armés récurrents ont provoqué un déplacement massif de près de 138 000 personnes. Les territoires de Walungu, Kabare, Kalehe et Fizi sont les plus touchés par cette violence persistante.
Comment une région peut-elle sombrer dans un tel chaos ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2 504 incidents documentés par les acteurs de protection, incluant 263 cas de violences basées sur le genre et 137 violences sexuelles. La situation des enfants est particulièrement préoccupante avec 366 violations de leurs droits recensées.
Le rapport détaille une réalité brutale : 332 enfants associés aux forces et groupes armés, 178 enfants non accompagnés livrés à eux-mêmes dans cette tourmente. Les territoires de Kabare, Kalehe, Fizi, Uvira, Walungu et Mwenga paient le plus lourd tribut avec 4 meurtres et 7 enlèvements documentés.
La sécurité sanitaire n’est pas épargnée. Deux établissements de santé ont été attaqués dans les territoires de Kalehe et d’Uvira, compromettant l’accès aux soins pour des populations déjà vulnérables. Une assistance alimentaire a été distribuée à plus de 270 000 personnes, notamment dans le territoire de Walungu.
Entre le 17 et le 26 juillet, des affrontements répétés entre groupes armés dans le groupement d’Irhambi-Katana ont forcé environ 44 000 personnes à fuir vers le groupement de Bugorhe dans le territoire de Kabare. Ces déplacements massifs aggravent une situation humanitaire déjà critique.
Les opérations de bouclage sécuritaire dans toutes les communes de Bukavu ont généré un sentiment d’insécurité croissant parmi la population locale. Malgré les efforts des organisations humanitaires, les conditions de vie continuent de se dégrader dans l’ensemble de la province.
Cette crise multidimensionnelle interroge sur la capacité de réponse face à l’urgence humanitaire au Sud-Kivu. Les violations des droits humains atteignent des niveaux inacceptables tandis que la protection des civils reste insuffisante. La communauté internationale est-elle à la hauteur des enjeux ?
Le rapport de l’OCHA sonne comme un avertissement sérieux : sans une action concertée et renforcée, la situation risque de s’aggraver davantage. La coordination humanitaire doit s’intensifier pour apporter une réponse cohérente à cette urgence complexe qui frappe une population déjà éprouvée par des années de conflit.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd