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Procès à Kalemie : 124 militaires et policiers jugés pour abandon de poste à Uvira

Le tribunal militaire de garnison de Kalemie a entamé, depuis le vendredi 19 décembre, des audiences foraines au Camp Marin. Une centaine de membres des forces de défense et de sécurité y répondent de graves accusations. Ces militaires et policiers sont poursuivis pour avoir fui la ville d’Uvira, dans le Sud-Kivu, lors de sa prise par les forces rebelles de l’AFC/M23. L’abandon de poste en situation de combat constitue le cœur de cette procédure judiciaire d’une ampleur rare.

Sur les 124 prévenus initialement convoqués, 68 sont des militaires des FARDC et 56 sont des policiers de la PNC. La première audience, tenue vendredi, a été principalement consacrée à la laborieuse phase d’identification des accusés. Selon les informations fournies par la cour, 66 individus ont pu être formellement identifiés lors de cette séance. La procédure d’identification doit se poursuivre ce samedi, a précisé le président du tribunal, le lieutenant-colonel Désiré Dionda Mukolee. Ce processus préalable est essentiel pour garantir un procès équitable, mais il révèle aussi les possibles difficultés logistiques et sécuritaires liées à la tenue d’un tel procès collectif.

Les faits reprochés remontent à la chute de la ville stratégique d’Uvira. Face à l’avancée des combattants du M23, ces éléments des forces régulières auraient quitté leurs positions sans ordre, violant ainsi les consignes militaires les plus élémentaires. L’état-major général voit dans cette vague de désertions un grave manquement à la discipline, susceptible de saper le moral des troupes et la confiance des populations. Le ministère public, représentant l’institution militaire, requiert donc des sanctions exemplaires. Comment une armée peut-elle défendre le territoire national si ses propres soldats fuient le combat ? La question, bien que rhétorique, plane lourdement sur la salle d’audience.

Le lieutenant-colonel Désiré Dionda Mukolee a été clair sur les objectifs de cette juridiction d’exception. « Ce procès vise à sanctionner les éléments des forces de défense et de sécurité qui ont failli à leurs devoirs », a-t-il déclaré. Il a ajouté que l’opération de justice avait pour but ultime de « rétablir l’ordre et la discipline » au sein de la police et des forces armées. Selon lui, il s’agit avant tout de « ramener sur le rail les militaires qui se méconduisent ». Un langage sans équivoque qui témoigne de la volonté des autorités de reprendre en main une situation sécuritaire volatile dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Le contexte sécuritaire dans le Sud-Kivu reste extrêmement tendu. Les mouvements de troupes rebelles, notamment ceux de l’AFC/M23, génèrent une instabilité chronique qui pèse sur les forces gouvernementales. Dans un tel environnement, le maintien d’une chaîne de commandement et d’une discipline de fer est présenté par les autorités militaires comme une question de survie. Les soldats et policiers affectés dans cette région sont tenus de « faire mouvement sur ordre de leur hiérarchie », a rappelé le président du tribunal. Leur absence à un poste de combat est donc assimilée à une trahison des principes fondamentaux du service.

Ce procès massif à Kalemie pose plusieurs questions sur la gestion des ressources humaines dans l’armée congolaise. S’agit-il d’un simple exercice de dissuasion ou d’un réel tournant dans la politique de discipline des FARDC ? La tenue d’audiences foraines, directement au sein du Camp Marin, montre une volonté de rendre la justice visible et rapide. Cette approche cherche peut-être à envoyer un message clair à l’ensemble des troupes déployées dans les zones de conflit : la désertion ne restera pas impunie. La crédibilité des futures opérations militaires contre les groupes armés pourrait en dépendre.

Les défenseurs des prévenus, lorsqu’ils seront désignés, auront pour tâche ardue de contextualiser les actes de leurs clients. Ils pourraient invoquer le manque de moyens, l’isolement des positions, la supériorité numérique et logistique de l’adversaire, ou encore des défaillances du commandement. Ces arguments sont fréquents dans les procès pour abandon de poste, mais ils se heurtent souvent à la rigueur stricte du code de justice militaire. Le bilan de cette première journée d’audience ne laisse présager aucune clémence de la part du parquet militaire.

Alors que les audiences se poursuivent ce samedi, l’attention est rivée sur les verdicts qui seront rendus. Les peines pour abandon de poste en temps de guerre ou face à l’ennemi peuvent être très lourdes, allant jusqu’à des décennies de prison ou même la peine capitale, même si cette dernière est rarement appliquée. Au-delà du sort individuel des 124 prévenus, c’est la capacité de l’armée congolaise à se réformer et à imposer son autorité qui est en jeu. Ce procès militaire à Kalemie est bien plus qu’une simple suite judiciaire ; c’est un test crucial pour la discipline et la cohésion des forces de sécurité de la RDC face à la persistance des menaces dans l’Est du pays.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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