L’arrestation d’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), a envoyé une onde de choc à travers la scène politique congolaise. Cet événement, survenu dans des conditions obscures en pleine nuit, interroge non seulement sur les méthodes des autorités mais aussi sur la trajectoire politique que Kinshasa entend emprunter. La réaction immédiate de la Belgique, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot, ajoute une dimension internationale à cette affaire, révélatrice des tensions qui minent la République démocratique du Congo (RDC).
Maxime Prévot, dans une déclaration cinglante, a estimé que cette arrestation RDC ne contribue pas aux efforts de paix internes que le pays recherche. « Impliquer le plus grand nombre est aussi une manière de rassembler face à l’adversité et d’apaiser la scène politique congolaise. L’arrestation du secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Shadary, pose question et ne semble pas aller dans ce sens », a-t-il affirmé. Cette prise de position, rare de la part d’un partenaire européen, souligne l’inquiétude grandissante face aux risques de déstabilisation. Le diplomate belge appelle ainsi à des mesures de décrispation politique et à un dialogue respectueux de la Constitution, des appels qui résonnent comme un avertissement à l’adresse du pouvoir en place.
Mais qui est Emmanuel Ramazani Shadary ? Ancien ministre de l’Intérieur et dauphin de Joseph Kabila lors de la présidentielle de 2018, il incarne une figure clé de l’opposition kabiliste. Son arrestation, menée par des hommes en tenue militaire et en civil selon le témoignage de son épouse, intervient dans un contexte où la RDC fait face à de multiples défis, notamment dans sa partie orientale en proie à l’insécurité. La gestion de cette crise par Kinshasa est-elle le signe d’une volonté de museler l’opposition, ou au contraire, une réponse à des menaces réelles ? La question mérite d’être posée, tant les implications politiques sont vastes.
L’affaire Shadary ne se limite pas à sa seule personne. Son fils, monté au créneau sur les réseaux sociaux pour dénoncer l’arrestation, a été à son tour appréhendé par le Conseil National de Cyber défense (CNC) avant d’être libéré après une audition. Cet épisode illustre la sensibilité accrue des autorités congolaises face aux critiques, notamment en ligne, et interroge sur les limites de la liberté d’expression dans le pays. La crise politique Kinshasa semble ainsi s’enliser dans un cycle de répression et de tensions, loin des appels au dialogue formulés par la communauté internationale.
La réaction Belgique n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une démarche plus large de soutien aux processus de paix et de réforme en RDC. Maxime Prévot a insisté sur la nécessité d’un processus interne permettant aux acteurs congolais de s’approprier les engagements internationaux et de les traduire en actions concrètes. « Je souhaite rappeler à mon sens que les efforts de paix et de désescalade régionale devraient être complétés par un processus Interne en RDC », a-t-il précisé. Cette déclaration met en lumière le fossé entre les aspirations internationales et la réalité politique congolaise, où les luttes de pouvoir prennent souvent le pas sur les impératifs de stabilité.
Le PPRD, parti autrefois au pouvoir, se trouve ainsi sous pression. L’arrestation de son secrétaire permanent peut être interprétée comme un test de résistance pour l’opposition, mais aussi comme un message adressé à Joseph Kabila lui-même. Le pouvoir actuel joue-t-il avec le feu en provoquant ainsi ses adversaires politiques ? La stratégie de Kinshasa, si elle vise à affaiblir les rivaux, risque en effet de fragiliser davantage le tissu politique et de compromettre les chances d’une sortie de crise pacifique. Dans un pays où les échéances électorales passées et futures alimentent les tensions, chaque geste est scruté à la loupe.
En conclusion, l’arrestation d’Emmanuel Shadary ouvre une nouvelle phase incertaine dans la vie politique congolaise. Les appels de la Belgique au dialogue et à la décrispation résonnent comme un rappel à l’ordre, mais seront-ils entendus ? La balle est désormais dans le camp des autorités de Kinshasa, qui doivent choisir entre la confrontation et la recherche d’un consensus national. Les prochains jours seront cruciaux pour observer l’évolution de cette affaire et ses répercussions sur la crise politique Kinshasa. Une chose est sûre : la communauté internationale, à travers des voix comme celle de Maxime Prévot, ne restera pas silencieuse face à des dérives autoritaires. La RDC, à la croisée des chemins, devra montrer qu’elle peut concilier sécurité et démocratie, sous peine de s’enfoncer dans l’instabilité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
