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Maniema : 24 journalistes armés contre la désinformation grâce à une formation au fact-checking

« Avant, je partageais parfois des informations qui circulaient sur WhatsApp sans trop me poser de questions. Aujourd’hui, je sais que chaque clic peut participer à un embrasement. » Cette confession d’un journaliste de Kindu, à l’issue d’une formation intensive, résume le dilemme quotidien de nombreux professionnels des médias en République Démocratique du Congo. Du 9 au 11 décembre 2025, vingt-quatre journalistes de la province du Maniema ont en effet été initiés aux armes les plus cruciales de notre époque : la vérification des faits et la sécurité numérique. Une initiative du média en ligne BALOBAKI-CHECK, soutenue par l’ambassade du Canada, qui tombe à point nommé dans un paysage médiatique congolais traversé par des vagues de désinformation.

Dans une salle de formation à Kindu, l’ambiance est studieuse. Pendant trois jours, théorie et exercices pratiques se sont succédé pour déconstruire les mécanismes des fausses nouvelles. Comment traquer une photo truquée ? Vérifier une vidéo sortie de son contexte ? Protéger ses communications et ses sources face à la surveillance ? Autant de questions vitales pour l’exercice d’un journalisme rigoureux. « On nous a enseignés à l’université, mais il y avait quelque chose qui nous manquait », confie Hope Balobaki, l’un des participants. « Cette formation m’a aidé à comprendre comment ne pas diffuser des choses sans vérifier les sources et comment aussi protéger ces mêmes sources. » Un apprentissage fondamental, alors que la frontière entre information et intoxication devient de plus en plus poreuse, surtout sur les réseaux sociaux.

Mais pourquoi une telle urgence ? Le contexte national, marqué par des tensions sécuritaires et politiques, offre un terrain fertile à la manipulation. Les fausses nouvelles ne sont plus de simples rumeurs de quartier ; elles peuvent attiser les conflits, discréditer des institutions et mettre en danger des vies. Emmanuel Ndjadi, un autre journaliste formé, en est conscient : « Dans cette période où notre pays passe des moments très difficiles, cette formation m’a beaucoup aidé à savoir comment me protéger, physiquement et numériquement. En plus, nous avons vu comment nous prémunir contre les fausses informations. » La sécurité du journaliste et l’intégrité de l’information publique apparaissent ainsi comme les deux faces d’une même médaille.

La démarche de BALOBAKI-CHECK formation va donc au-delà d’un simple atelier technique. Il s’agit d’un acte de résistance pour préserver le débat démocratique. Ravanelly Ntumba, facilitateur de cette session, exhorte les participants à devenir des sentinelles : « Par rapport à tout ce que nous avons appris ici, je pense que ça ajoute un plus à la connaissance qu’ils avaient déjà. Pour ceux qui, d’une certaine manière, ne savaient pas qu’ils étaient propagateurs de fausses informations, après cette séance, je pense qu’ils vont continuer de bien faire leur travail. » L’enjeu est colossal : reconstruire une relation de confiance entre le public et les médias, dans un écosystème où le mensonge se diffuse souvent plus vite que la vérité.

Cette formation journalistes Maniema représente-t-elle une goutte d’eau face à l’océan de la désinformation Congo ? Sans doute. Mais elle allume une lumière. Elle prouve que des solutions concrètes existent et que la profession elle-même se mobilise. La lutte désinformation Congo passe nécessairement par l’équipement intellectuel et technique de ceux qui sont en première ligne : les journalistes. Le fact-checking RDC n’est pas une option de confort, c’est une condition sine qua non pour un journalisme digne de ce nom.

Alors, que restera-t-il de ces trois jours à Kindu ? Des outils, des méthodes, des réflexes. Mais surtout, une prise de conscience collective. Dans chaque rédaction de la province, ces vingt-quatre professionnels sont désormais des ambassadeurs d’une pratique plus responsable. Leur mission : filtrer le bruit, traquer le faux, et protéger la vérité, tout en assurant leur propre sécurité numérique journalistes. Un défi de tous les instants, mais essentiel pour l’avenir de l’information en RDC. Et si la clé pour assainir l’espace médiatique congolais se trouvait justement dans ce type d’initiatives locales, pragmatiques et ciblées ? L’expérience du Maniema nous invite à le croire.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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