La situation sécuritaire dans la plaine de la Ruzizi, à l’est de la République démocratique du Congo, a brutalement basculé dans une nouvelle phase d’escalade. Les combats, qui s’étaient intensifiés depuis près d’une semaine, ont franchi une ligne rouge dangereuse en dépassant le cadre strictement congolais. Cette conflit Ruzizi RDC historique oppose les rebelles de l’AFC/M23 aux Forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par les milices locales Wazalendo et, de manière significative, par des éléments de l’armée burundaise.
L’événement qui a cristallisé les tensions est survenu ce jeudi 4 décembre. Le ministre burundais des Affaires étrangères, Edouard Bizimana, a publiquement dénoncé un acte qu’il qualifie d’« inacceptable ». Selon les autorités de Bujumbura, « les terroristes de l’AFC/M23 soutenus par le Rwanda ont largué une bombe sur le territoire burundais ». Cette accusation grave marque un tournant dans ce tension RDC Burundi latente, transformant un affrontement régional en incident international aux conséquences imprévisibles.
Des sources locales dans la province burundaise de Cibitoke ont confirmé l’impact d’engins explosifs, vraisemblablement tirés depuis des positions de l’AFC/M23 en territoire congolais. Le ministre Bizimana a averti que « des actions appropriées seront prises pour protéger la population burundaise », laissant planer la menace d’une riposte. Cette M23 bombardement Burundi constitue une provocation directe et risque de justifier un engagement militaire encore plus profond du Burundi aux côtés des FARDC.
La présence de l’armée burundaise sur le sol congolais n’est pas fortuite. Elle s’inscrit dans le cadre d’un accord de sécurité bilatéral signé entre Kinshasa et Bujumbura. Cet accord, qui visait initialement à lutter contre des groupes insurgés, se trouve aujourd’hui au cœur d’une confrontation plus large. Les plaine Ruzizi combat ont ainsi évolué d’un conflit localisé en un théâtre d’opérations où se mêlent armées nationales et milices, avec un risque accru de déstabilisation de toute la sous-région.
Dans un communiqué rendu public ce vendredi, la rébellion de l’AFC/M23 a, quant à elle, retourné l’accusation. Elle affirme être la cible de « bombardements coordonnés et menés à partir du territoire burundais ». Selon les rebelles, ces frappes seraient « à l’origine des déplacements massifs des populations civiles fuyant pour se réfugier à Bukavu et au Rwanda ». Cette version des faits contredit point par point la narration officielle burundaise et illustre la guerre de communication qui accompagne désormais les hostilités sur le terrain.
La complexité de la situation est amplifiée par l’implication accusatoire du Rwanda. Les déclarations burundaises pointent explicitement Kigali comme soutien de l’AFC/M23, ravivant des rivalités historiques. Cette couche géopolitique ajoute une volatilité extrême à la crise. Jusqu’où cette escalade verbale et militaire peut-elle mener ? La communauté internationale, souvent silencieuse sur les crises de l’Est congolais, pourra-t-elle se permettre de rester en retrait face à un conflit qui menace désormais l’intégrité territoriale de deux États souverains ?
Sur le plan humanitaire, les conséquences sont déjà catastrophiques. La plaine de la Ruzizi, zone agricole et commerciale vitale, est le théâtre d’exodes massifs. Les civils, pris entre les feux croisés des belligérants, paient le prix le plus lourd. Les routes vers Bukavu, au Sud-Kivu, et vers la frontière rwandaise sont bondées de familles déplacées cherchant désespérément un refuge. Les infrastructures locales, déjà fragiles, sont incapables de faire face à cet afflux.
L’AFC M23 Burundi se trouve donc au centre d’une tempête régionale. Ce qui était perçu comme une rébellion interne à la RDC est désormais accusée d’actes de guerre contre un État voisin. Cette évution remet en question les dynamiques de conflit dans la région des Grands Lacs et pose une question fondamentale : assiste-t-on à l’internationalisation incontrôlée d’une guerre par procuration, ou à l’émergence d’une nouvelle configuration d’alliances et d’hostilités qui redéfinira la sécurité régionale pour les années à venir ? La réponse se forge, heure par heure, dans le fracas des armes en plaine Ruzizi combat.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
