Une violence aveugle a une nouvelle fois frappé le milieu scolaire au Sud-Kivu. Jeudi 4 décembre, au moins trois élèves ont été grièvement blessés par des balles perdues dans l’enceinte de leur école à Mudaka, dans le territoire de Kabare. Les victimes, des écoliers dont l’âge n’a pas été précisé, ont été atteintes lors d’affrontements intenses entre les rebelles de l’AFC-M23 et les combattants Wazalendo. Cet incident scolaire à Kabare rappelle cruellement la vulnérabilité des civils dans un conflit qui n’épargne personne.
Des images diffusées par la société civile locale, et dont la authenticité a été vérifiée, montrent des scènes de chaos et de détresse. On y voit des élèves ensanglantés, certains manifestement touchés à la jambe ou au bassin, allongés sur le sol de l’établissement. Leurs uniformes sont tachés de rouge, témoins silencieux de la brutalité soudaine qui a envahi leur espace d’apprentissage. D’autres images capturent la panique absolue : des enfants et leurs enseignants réfugiés sous les pupitres, cherchant désespérément une protection illusoire contre les projectiles qui traversaient les murs. La société civile rapporte une frénésie de verrouillage de portes, des classes transformées en prisons de fortune par des civils terrifiés.
Les combats à Mudaka, dans le Sud-Kivu, ont éclaté en milieu de journée, interrompant brutalement les cours. Le bruit des armes lourdes et des tirs nourris a remplacé le murmure des leçons. Comment un lieu dédié à la connaissance et à l’innocence peut-il devenir, en un instant, un champ de bataille ? Les élèves blessés par balles perdues ont été immédiatement pris en charge par des secours locaux. Ils ont été évacués vers un centre de santé proche pour y recevoir des soins d’urgence. Leur état, décrit comme grave, suscite une vive inquiétude au sein de la communauté.
Cet événement n’est malheureusement pas un cas isolé. Il s’inscrit dans une longue série d’incidents où les écoles et leurs occupants deviennent les cibles collatérales des conflits armés dans l’est de la République Démocratique du Congo. L’affrontement entre l’AFC-M23 et les groupes d’autodéfense Wazalendo plonge régulièrement des localités entières dans la terreur. La population civile, prise en étau, paie le prix le plus lourd. Les infrastructures éducatives, souvent situées dans des zones de tension, sont particulièrement exposées. Le conflit au Sud-Kivu continue ainsi de voler à une génération son droit fondamental à l’éducation dans la sécurité.
La panique générale observée à Mudaka est un symptôme d’un traumatisme profond. Parents, enseignants et enfants vivent avec la menace constante d’une reprise des violences. Cet incident soulève des questions cruciales sur la protection des civils, notamment des écoliers, en période de conflit. Où est la ligne de front lorsque les balles perdues atteignent les salles de classe ? Les parties belligérantes respectent-elles le droit international humanitaire qui impose la protection des établissements scolaires ? Les réponses, pour l’instant, se heurtent au silence des armes.
Les conséquences de ces combats dépassent le seul bilan physique des blessés. Un climat de peur durable s’installe, perturbant l’année scolaire et compromettant l’avenir de milliers d’enfants. La fermeture temporaire ou permanente des écoles par crainte des violences est une réalité dans de nombreuses zones du territoire de Kabare. Cette attaque directe contre l’éducation sape les fondements mêmes du développement futur de la région. Elle perpétue un cycle de violence et de privation dont il est extrêmement difficile de sortir.
Les autorités locales et la société civile ont condamné cet acte avec la plus grande fermeté. Des appels ont été lancés pour que les forces en présence épargnent les zones civiles et respectent la sacralité des lieux d’enseignement. Cependant, dans l’immédiat, les besoins sont concrets : soins médicaux pour les victimes, soutien psychologique pour les élèves et enseignants traumatisés, et mesures de sécurisation des établissements scolaires. La communauté internationale, souvent témoin de ces drames répétés, est une nouvelle fois interpellée sur l’urgence de la situation humanitaire et sécuritaire dans l’est de la RDC.
L’incident de Mudaka reste un rappel tragique. Alors que les combats entre l’AFC-M23 et les Wazalendo se poursuivent, les civils, et en premier lieu les enfants, continuent de payer de leur sécurité, de leur santé et de leur éducation. Les balles perdues qui ont blessé ces trois élèves ont aussi atteint l’espoir d’une génération. Le chemin vers la paix et la stabilité dans le Sud-Kivu semble encore long, mais la protection immédiate des écoles et des enfants doit devenir une priorité non négociable. L’avenir de la région en dépend.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
