Alors que son mandat de Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC) touche à sa fin, Bintou Keita a présenté un bilan de cinq années d’engagement. Ce départ marque un tournant pour la MONUSCO, dont le retrait progressif du territoire congolais est déjà enclenché. Quelle est l’empreinte laissée par la Mission et sa cheffe après un demi-siècle de présence onusienne ? Les déclarations de Bintou Keita offrent un éclairage nuancé, entre fierté des accomplissements et lucidité face aux défis immenses qui persistent.
Le processus électoral de 2023 a constitué un point d’orgue de ce mandat. Bintou Keita a affirmé que la MONUSCO a joué un rôle déterminant dans l’organisation de scrutins qu’elle qualifie de « crédibles, transparents et apaisés ». Cet appui s’est concrétisé par une mobilisation logistique massive, incluant le transport de plus de 250 tonnes de matériel électoral à travers le pays. Cette contribution de l’ONU visait à renforcer la légitimité du scrutin et à prévenir les violences souvent associées aux cycles électoraux en RDC. Pourtant, au-delà de ce succès opérationnel, la Représentante spéciale reconnaît que « tout n’a pas été réalisé à 100 % », une confession qui résonne face aux réalités quotidiennes des Congolais.
La protection des civils demeure, sans conteste, la mission première et le défi le plus pressant pour la MONUSCO en RDC. Bintou Keita a estimé que la Mission a « sauvé des centaines de milliers de vies au quotidien » et continue de protéger des milliers de personnes dans des régions en proie à une violence endémique. Des groupes armés continuent de sévir dans l’est du pays, perpétuant un cycle de souffrances et de déplacements massifs. La cheffe de la MONUSCO a exprimé son émotion personnelle face à ces situations, affirmant : « Cela me touche énormément ». Elle en a profité pour lancer un appel solennel aux partenaires internationaux de la RDC, les enjoignant à poursuivre et à intensifier leurs efforts pour la protection des populations et la consolidation d’une paix durable.
Alors que des sources évoquent son départ à la retraite, Bintou Keita a tenu à rassurer sur la pérennité de son engagement. « La cause de toutes ces personnes que j’ai rencontrées, je continuerai de la porter autrement, parce que ce qui est juste est juste. Il faut continuer à soutenir, car la paix doit arriver un jour en RDC », a-t-elle déclaré avec conviction. Ces paroles traduisent l’attachement profond qu’elle a développé pour le peuple congolais et soulèvent une question essentielle : qui reprendra le flambeau de ce plaidoyer acharné une fois la MONUSCO partie ?
Le retrait de la MONUSCO, planifié par étapes, est un processus complexe qui suscite à la fois de l’espoir et de l’inquiétude. Le départ de Bintou Keita en est un signal fort. Elle clôt un chapitre durant lequel elle dit avoir porté avec détermination la défense des populations. Ce bilan intervient à un moment charnière où l’État congolais doit démontrer sa capacité à assumer pleinement ses prérogatives régaliennes, notamment en matière de sécurité. Les progrès enregistrés, comme lors des élections, sont-ils suffisamment solides pour assurer une transition stable ? Les partenaires de la RDC parviendront-ils à combler le vide laissé par le départ des Casques bleus ?
En définitive, le bilan dressé par Bintou Keita est celui d’une mission ayant réalisé des avancées significatives dans des conditions extrêmement difficiles, mais qui se retire sur un terrain encore miné. L’accent mis sur les élections 2023 RDC ONU et la protection civils RDC restera comme une marque de son action. Alors que le chapitre de la présence onusienne se referme peu à peu, l’héritage de la MONUSCO RDC et le plaidoyer de personnalités comme Bintou Keita continueront de peser dans les débats sur l’avenir du pays. La communauté internationale, tout en accompagnant le retrait MONUSCO, devra rester vigilante pour que les acquis ne soient pas réduits à néant et que la quête de paix, si chère à l’ancienne Représentante spéciale, ne reste pas un vœu pieux.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
