Le calme est progressivement revenu à Uvira ce mardi, mettant fin à deux jours de violents affrontements ayant opposé les militaires des FARDC à leurs alliés Wazalendo. Cette confrontation fratricide a plongé la ville du Sud-Kivu dans un climat d’insécurité et de psychose, avec un bilan provisoire de onze morts et quatre blessés.
Les hostilités ont éclaté dimanche, prenant de court une population déjà éprouvée par des années de conflits dans cette région stratégique. Les échanges de tirs nourris entre les deux forces supposées collaborer ont transformé certains quartiers en véritables champs de bataille. Comment une telle escalade a-t-elle pu se produire entre des forces censées unir leurs efforts contre la menace commune de l’AFC-M23 ?
Les premiers chiffres font état de neuf morts et deux blessés dimanche, suivis de deux décès supplémentaires et deux autres blessés lundi. Parmi les victimes figurent des militaires réguliers, des combattants Wazalendo, mais aussi des civils pris au piège des tirs croisés. Ces balles perdues qui ont frappé des innocents rappellent cruellement le prix payé par les populations dans ces conflits armés.
La situation sécuritaire à Uvira révèle des fractures profondes au sein du dispositif de défense. La méfiance grandissante et les luttes d’influence entre les FARDC et les Wazalendo apparaissent comme le principal catalyseur de cette crise. Certains groupes Wazalendo contestent ouvertement l’autorité du commandement militaire, remettant en cause la chaîne de commandement établie.
Cette collaboration fragile entre forces régulières et milices d’autodéfense montre aujourd’hui ses limites. Initialement formée pour contrer l’avancée de la rébellion du M23 vers Uvira et protéger les provinces du Tanganyika et du Haut-Katanga, cette alliance semble vaciller sous le poids des rivalités internes. La ligne de conduite définie par les FARDC n’est plus respectée par certains éléments Wazalendo, créant un dangereux vide sécuritaire.
Les activités commerciales et sociales, paralysées pendant deux jours, ont timidement repris ce mardi. Mais le traumatisme persiste parmi les habitants, qui redoutent une nouvelle flambée de violence. Les commerces rouvrent leurs portes, les marchés se réapprovisionnent, mais dans quel état d’esprit ? La peur reste palpable dans les rues d’Uvira, où chaque détonation résonne comme un rappel des récentes violences.
Cette crise met en lumière les défis complexes de la coordination sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo. La situation à Uvira interroge sur la viabilité à long terme des alliances entre armée régulière et groupes d’autodéfense. Comment assurer une collaboration efficace sans compromettre la chaîne de commandement ? Comment prévenir de tels affrontements tout en maintenant la pression sur les groupes rebelles ?
Les autorités militaires locales font face à un défi de taille : rétablir la confiance entre les différentes composantes des forces de sécurité tout en garantissant la protection des civils. Le retour au calme observé ce mardi ne doit pas masquer l’urgence de trouver des solutions durables à ces tensions internes.
La population d’Uvira, prise en étau entre différentes forces armées, aspire légitimement à la sécurité et à la stabilité. Ces récents événements soulèvent des questions fondamentales sur la gouvernance sécuritaire dans la région. Le bilan humain de ces deux jours de violence servira-t-il de électrochoc pour une réorganisation en profondeur du dispositif de sécurité ?
La communauté locale suit avec attention les développements de cette crise, espérant que le calme précaire actuel ne soit pas simplement l’accalmie avant une nouvelle tempête. La sécurité dans le Sud-Kivu dépend en grande partie de la capacité des différentes forces à surmonter leurs divergences et à retrouver une unité d’action contre les véritables menaces qui pèsent sur la région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
