La ville de Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika, vit des heures sombres. Une vague de violence sans précédent s’est abattue sur la cité lacustre, semant la terreur parmi la population. En seulement quarante-huit heures, deux personnes ont été froidement abattues par balles tandis qu’une troisième a été grièvement blessée. Ces événements tragiques confirment la recrudescence inquiétante de l’insécurité à Kalemie.
Comment une ville autrefois paisible peut-elle basculer dans une telle spirale de violence ? La question hante désormais tous les habitants de Kalemie. Les témoignages se multiplient, décrivant une situation sécuritaire qui se dégrade jour après jour. Des cas de vols à main armée sont signalés dans différents quartiers, et les coups de feu retentissent désormais avec une régularité macabre.
Le drame a commencé dans la nuit du lundi 16 novembre. Les habitants du quartier se sont réveillés pour découvrir le corps sans vie de Georges, un jeune homme de moins de quarante ans. Les circonstances de sa mort restent mystérieuses, les autorités n’ayant fourni aucune explication sur les motifs de ce meurtre. L’absence de réaction des forces de l’ordre face à ce crime a profondément choqué la communauté locale.
La tragédie s’est poursuivie dans la nuit du mercredi 19 novembre. Vers deux heures du matin, des crépitements d’armes à feu ont retenti du côté de Lubadji, près de Trico. Cette fois, c’est Arsène, un jeune entrepreneur bien connu dans la région, qui a été sauvagement abattu à son domicile. La nouvelle de sa mort a provoqué une onde de choc dans tout Kalemie. Comment des bandits peuvent-ils opérer avec une telle impunité ?
Le banditisme à Kalemie ne s’arrête pas là. Un autre incident violent a été répertorié à Kapangula, où l’épouse d’un infirmier du centre de santé de Kankomba a été attaquée à son domicile. Les assaillants lui ont tiré dans la jambe avant de prendre la fuite. Gravement blessée et perdant beaucoup de sang, la victime a dû être évacuée d’urgence vers l’hôpital. Son état reste préoccupant selon les dernières informations.
Les quartiers de Kabwa et Mukuku n’ont pas été épargnés non plus. Des habitants rapportent avoir entendu des échanges de tirs dans ces zones, créant un climat de peur permanente. Les populations vivent désormais enfermées, terrorisées à l’idée de sortir après la tombée de la nuit. Cette insécurité grandissante à Kalemie menace directement le développement économique et social de toute la région du Tanganyika.
Face à cette situation alarmante, la société civile s’indigne. Nathan Mugisho, coordonnateur de l’Association Umoja ni nguvu, dénonce avec véhémence le silence complice des députés provinciaux. « Comment rester silencieux quand on voit des gens mourir chaque jour ? », s’interroge-t-il amèrement. Son association dénonce l’inaction des autorités politiques face à la détérioration de la sécurité dans la ville.
Contacté par nos soins, le maire de Kalemie, David Mukeba Mbombo, reconnaît officiellement la montée du banditisme dans sa ville. Il affirme que des efforts sont déployés pour traquer les malfaiteurs, mais ces mesures semblent bien insuffisantes face à l’ampleur du phénomène. Le premier magistrat de la ville tente de relativiser la situation en évoquant un phénomène saisonnier, précisant que ce type de violence survient souvent vers la fin de l’année.
Cette explication ne convainc guère les habitants de Kalemie, qui exigent des actions concrètes et immédiates. La recrudescence des crimes à Kalemie met en lumière les faiblesses structurelles du système sécuritaire dans la province du Tanganyika. Les populations réclament une présence accrue des forces de l’ordre et des mesures préventives pour enrayer cette spirale infernale.
La situation sécuritaire en RDC, particulièrement dans des régions comme le Tanganyika, nécessite une attention urgente des plus hautes autorités. Les violences à Kalemie ne sont-elles que la partie émergée d’un problème plus profond ? La réponse à cette question déterminera l’avenir de toute une région déjà fragilisée par divers défis sécuritaires et économiques.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
