Les terres fertiles du territoire de Nyiragongo viennent de subir un coup dur écologique dont les conséquences risquent de se répercuter bien au-delà des collines ravagées. Des pluies diluviennes se sont abattues avec une violence inouïe sur cette région du Nord-Kivu, transformant les champs nourriciers en paysages de désolation. Face à cette catastrophe naturelle, comment les communautés agricoles pourront-elles se relever ?
Plusieurs dizaines d’hectares de cultures diversifiées – maïs, haricots, pommes de terre, choux et autres légumes – ont été littéralement engloutis sous les eaux torrentielles. Ces inondations à Nyiragongo ne représentent pas seulement une perte économique immédiate, mais une véritable menace pour l’équilibre alimentaire de toute une région. Les sols volcaniques, normalement source de fertilité, ont accentué le phénomène d’érosion, emportant avec eux le labeur de toute une saison agricole.
La situation actuelle dépasse l’entendement : pendant que l’érosion arrache les terres cultivables, les eaux stagnantes achèvent le travail de destruction en faisant pourrir les plantes qui avaient résisté au premier assaut. Cette double peine environnementale plonge les familles paysannes dans un désarroi profond. Leur sécurité alimentaire, déjà fragile, se trouve compromise pour les mois à venir.
Les témoignages des agriculteurs révèlent l’ampleur du désastre. « Nous comptions sur cette récolte pour nourrir nos enfants… maintenant, nous ne savons plus quoi faire », confie un cultivateur de la localité de Mudja, résumant le sentiment général. Cette détresse paysanne annonce des conséquences économiques inévitables : carence de maïs sur les marchés, flambée des prix des denrées de base et amplification de l’insécurité alimentaire au Nord-Kivu.
La destruction des cultures dans le Nord-Kivu n’est malheureusement pas un phénomène isolé. Elle s’inscrit dans une série de dérèglements climatiques qui frappent avec une intensité croissante la région des Grands Lacs. Les pluies diluviennes au Kivu deviennent-elles la nouvelle norme ? Les scientifiques alertent depuis des années sur l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes dans cette partie de l’Afrique.
Au-delà des pertes immédiates, c’est tout le cycle agricole qui est compromis. Les agriculteurs, déjà éprouvés, redoutent de nouvelles averses qui pourraient anéantir leurs derniers espoirs de relance. Leur appel à une distribution urgente de semences résonne comme une ultime tentative pour sauver la prochaine saison culturale. Sans intervention rapide, la crise agricole en RDC risque de prendre une ampleur sans précédent.
La région du Nord-Kivu, grenier agricole potentiel, se retrouve ainsi asphyxiée par les éléments. Les inondations à Nyiragongo soulèvent des questions cruciales sur la résilience des systèmes agricoles congolais face aux changements climatiques. Comment bâtir une sécurité alimentaire durable lorsque les bases mêmes de la production agricole sont régulièrement balayées par des intempéries dévastatrices ?
Cette catastrophe écologique et humaine appelle à une réflexion profonde sur l’aménagement des territoires et les techniques agricoles adaptées aux nouveaux défis climatiques. Les paysages ravagés de Nyiragongo nous rappellent cruellement que la protection des terres cultivables et la prévention des risques naturels doivent devenir des priorités absolues pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
