Dans les collines verdoyantes de Burhinyi, au cœur du territoire de Mwenga, des milliers de vies sont suspendues à un fil. Les regards vides des enfants, les silences lourds des adultes – voici le visage méconnu d’une crise humanitaire au Sud-Kivu qui s’aggrave dans l’indifférence relative.
« Nous avons tout abandonné en courant, seuls avec les vêtements que nous portions », témoigne Mapendo, mère de cinq enfants, dont le visage creusé par l’inquiétude en dit long sur l’ampleur de la détresse. « Nos hôtes partagent le peu qu’ils ont, mais comment survivre sans toit digne, sans nourriture suffisante, sans médicaments ? »
La vague de déplacés de Burhinyi a commencé à déferler en octobre dernier, lorsque les violents affrontements entre les Wazalendo et l’AFC-M23 ont transformé les villages paisibles de Ntondo et Luhuku en champs de bataille. Le bruit des armes a remplacé les rires des enfants, la peur a chassé l’espoir.
Entre le 12 et le 15 novembre, ce sont près de 922 ménages supplémentaires qui ont joint le cortège de l’exode, fuyant Mudusa et Karhanga devant l’avancée des combats. Comment des familles entières peuvent-elles ainsi tout abandonner du jour au lendemain ? Quelle résilience faut-il pour recommencer sa vie dans la précarité la plus totale ?
À Birhala, Budaha et Nirindja, les localités d’accueil, la solidarité villageoise est mise à rude épreuve. Les familles d’accueil, elles-mêmes démunies, partagent leur toit, leur nourriture, leur espace vital. Mais jusqu’à quand pourront-elles tenir face à l’afflux continu de déplacés de guerre ?
Le comité local de développement, le forum communautaire et les organisations de la société civile de Burhinyi lancent un cri d’alarme qui semble se perdre dans l’écho des montagnes. « La situation dépasse l’entendement », affirme un membre de la société civile sous couvert d’anonymat. « Nous faisons face à une catastrophe humanitaire qui nécessite une réponse immédiate et coordonnée. »
Les besoins criants s’accumulent : nourriture, abris, soins médicaux, eau potable. Autant de droits fondamentaux qui deviennent des luxes inaccessibles pour ces populations piégées entre la guerre et la misère. L’aide humanitaire en RDC parvient-elle vraiment à ceux qui en ont le plus besoin ?
La chefferie de Burhinyi, habituée aux défis du développement, se trouve aujourd’hui confrontée à l’urgence de la survie. Les déplacés de Burhinyi ne sont pas des statistiques, mais des pères, des mères, des enfants dont l’avenir se joue dans l’ombre des conflits armés.
Alors que les affrontements Wazalendo AFC-M23 continuent de faire des victimes collatérales, la communauté internationale observera-t-elle impassible cette tragédie humaine ? L’urgence n’est plus seulement dans l’assistance immédiate, mais dans la recherche de solutions durables pour ces âmes errantes du Sud-Kivu.
La crise des déplacés à Mwenga nous interpelle tous sur notre capacité à protéger la dignité humaine face à l’adversité. Dans les collines de Burhinyi, l’espoir résiste encore, mais pour combien de temps ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
