Dans un contexte parlementaire encore fragilisé par les récentes turbulences institutionnelles, l’Assemblée nationale a marqué un point d’étape significatif en déclarant recevable le projet de loi portant reddition des comptes pour l’exercice 2024. Cette décision, intervenue ce lundi 17 novembre, témoigne-t-elle d’une volonté de normalisation du travail législatif ou simplement d’une formalité technique dans un calendrier contraint ?
Le texte, présenté par le ministre des Finances Doudou Fwamba, a été transmis à la Commission économique, financière et contrôle budgétaire (ECOFIN) pour un examen approfondi. La motion incidente initiée par le député Symphorien Mungala a permis d’acter cette recevabilité sans débat, soulevant implicitement la question de l’urgence réelle face à un document déposé depuis le 15 septembre 2025.
Les députés nationaux RDC donnent ainsi le sentiment de vouloir rattraper un temps perdu, alors que l’institution a traversé une période d’instabilité notable. Les pétitions visant cinq des sept membres du Bureau et la grève des administratifs ont durablement perturbé le fonctionnement de l’Assemblée. Les démissions de Vital Kamerhe et Dominique Munongo, respectivement président et rapporteure adjointe, avaient créé un vide institutionnel dont les conséquences se font encore sentir.
La commission ECOFIN dispose désormais d’un délai extrêmement serré – cinq jours seulement, du mardi 18 au samedi 22 novembre 2025 – pour déposer son rapport au Bureau de la chambre basse. Ce calendrier accéléré interroge sur la capacité des parlementaires à mener un examen rigoureux d’un texte aussi technique que la reddition des comptes de l’État. Le ministre Doudou Fwamba joue ici sa crédibilité, lui qui avait présenté ce projet le jour même de l’ouverture de la session budgétaire.
Le timing soulève plusieurs questions fondamentales : cette célérité traduit-elle une saine gestion des affaires publiques ou répond-elle à des impératifs politiques plus obscurs ? La qualité du travail parlementaire peut-elle être préservée dans un délai aussi contraint ? Les nouveaux membres du Bureau, dont le remplacement n’est intervenu que le jeudi 13 novembre dernier, disposent-ils de la légitimité et de l’expérience nécessaires pour piloter ce dossier sensible ?
Au-delà des considérations procédurales, ce projet de loi représente un test crucial pour la gouvernance financière du pays. Sa traitement expéditif pourrait envoyer un signal ambigu sur l’importance accordée par les institutions à la transparence budgétaire. Les prochains jours révéleront si les députés nationaux entendent exercer pleinement leur mandat de contrôle ou s’ils se contentent d’entériner une proposition gouvernementale sans réelle analyse critique.
La manière dont la commission ECOFIN abordera cet examen sera particulièrement scrutée. Son rapport, attendu dans moins d’une semaine, devra démontrer que les perturbations récentes n’ont pas altéré la capacité de l’Assemblée à remplir sa mission fondamentale de contrôle de l’exécutif. Le ministre des Finances Doudou Fwamba observe certainement ces développements avec attention, conscient que l’issue de ce processus pourrait influencer durablement les relations entre le gouvernement et le parlement.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
