Le territoire de Moba, dans la province du Tanganyika, vient de vivre un moment historique avec la réintégration communautaire de 196 enfants anciennement associés aux forces et groupes armés. Cette opération majeure de réintégration d’enfants soldats s’est déroulée sur trois sites distincts – Maseba, Kala et Karonja – du jeudi au samedi 18 octobre, marquant une avancée significative dans le processus de pacification de la région.
Parmi ces jeunes âmes arrachées aux conflits, 83 filles ont retrouvé le chemin de la vie civile, bénéficiant d’une prise en charge adaptée incluant des kits de sortie et des kits de dignité spécifiquement conçus pour les adolescentes. Cette attention particulière aux besoins genrés démontre la sophistication croissante des programmes de réintégration enfants soldats mis en œuvre dans la région.
Le directeur provincial du P-DDRCS Tanganyika, Trésor Ngabo, a souligné l’importance stratégique de cette opération : « Nous avons commencé par les enfants, mais cela ne veut pas dire que nous allons nous limiter par là. La phase des adultes est déjà en cours, parce que nous devons aussi désarmer et démobiliser tous les groupes armés qui sont encore actifs ».
Cette déclaration ouvre des perspectives encourageantes pour le désarmement groupes armés encore actifs dans la province. Le programme P-DDRCS Tanganyika semble déterminé à poursuivre son action au-delà de la protection des mineurs, visant une démobilisation complète de tous les combattants.
Lors des cérémonies de réintégration, le colonel Honoré Rashidi des FARDC a rappelé avec fermeté le cadre légal protégeant les mineurs : « Selon la loi, il est interdit à un enfant de moins de 18 ans de prendre les armes. Si toi tu fais travailler cet enfant, et si l’Etat te surprend, tu vas en prison et la condamnation ne sera pas moins de 20 ans ».
Ce message fort adressé aux potentiels recruteurs illustre la détermination des autorités à enrayer le fléau du recrutement d’enfants. Comment la société congolaise peut-elle mieux protéger sa jeunesse contre ces pratiques barbares ? La réponse semble résider dans une approche multidimensionnelle combinant prévention, répression et réinsertion.
L’opération, d’une durée de trois jours, a bénéficié du soutien technique de l’Association pour la protection de l’enfant et le développement communautaire (APDEC) et du financement crucial de l’UNICEF RDC. Cet appui international démontre l’importance des partenariats stratégiques dans la réussite des programmes de protection de l’enfance.
La réussite de cette initiative de réintégration enfants soldats dans le Tanganyika ouvre la voie à une pacification durable de la région. Le programme P-DDRCS Tanganyika prouve ainsi son efficacité dans la mise en œuvre de solutions concrètes pour les enfants associés forces armées, offrant un modèle potentiellement reproductible dans d’autres provinces en proie à des conflits similaires.
Ces 196 jeunes retrouvent aujourd’hui le droit fondamental à une enfance volée, tandis que la communauté internationale, à travers l’action de l’UNICEF RDC, continue de soutenir les efforts congolais pour mettre un terme définitif au recrutement d’enfants dans les conflits armés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net