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Sinistrés de Kinshasa : la colère monte devant la présidence

Ils dorment sur le béton froid, enveloppés dans des pagnes usés, le regard fixé sur les grilles de la présidence. Depuis quarante-huit heures, des centaines de sinistrés des inondations d’avril dernier ont transformé l’avenue des Écuries en camp de protestation. Leur revendication ? Obtenir enfin les indemnisations promises après des mois d’attente et de déceptions.

« On nous a déplacés comme du bétail, parqué dans des stades, puis oubliés », lance une femme dont la voix tremble de colère contenue. Ses mains, marquées par les travaux forcés de la survie, se serrent autour d’un sac plastique contenant ses seuls documents officiels. Comme elle, des familles entières survivent dans des conditions précaires, passant leurs nuits à la belle étoile pour une cause qui semble désespérée.

Leur calvaire remonte à ces terribles inondations d’avril qui ont ravagé plusieurs quartiers de Kinshasa, laissant derrière elles un bilan humain et matériel catastrophique. Des milliers de personnes s’étaient alors retrouvées sans abri, contraintes de trouver refuge dans des sites de relogement comme le Stade des Martyrs, le Stade Tata Raphaël ou encore Maluku. Des solutions d’urgence qui devaient être temporaires, mais qui se sont transformées en prison à ciel ouvert.

Que s’est-il passé entre les promesses officielles et la réalité amère que vivent ces sinistrés ? Comment expliquer cet écart abyssal entre les 10.000 dollars par personne annoncés par les plus hautes autorités et les 200, 300 ou 500 dollars effectivement perçus par certains ? Ces questions hantent les nuits des manifestants, tout comme elles devraient interpeller la conscience collective.

Raphaël Nongotamba, chef d’équipe du site du Stade des Martyrs, ne mâche pas ses mots : « Les promesses volent haut, mais les actions rampent à terre. » Son témoignage, comme celui de nombreux autres sinistrés, dessine le portrait d’une gestion chaotique des secours, où l’improvisation le dispute à l’indifférence.

La situation actuelle sur l’avenue des Écuries symbolise l’échec d’un système censé protéger les plus vulnérables. Ces familles, qui ont tout perdu lors des inondations, risquent aujourd’hui de perdre jusqu’à leur dignité. Leur détermination à braver les nuits froides et l’inconfort témoigne pourtant d’une résilience qui force le respect.

Au-delà du cas spécifique de ces victimes des inondations à Kinshasa, c’est toute la question de la gestion des crises humanitaires en RDC qui se pose. Les sinistrés d’aujourd’hui seront-ils les oubliés de demain ? Leur combat dépasse la simple revendication financière : il interroge la capacité de l’État à honorer ses engagements envers ses citoyens les plus démunis.

Alors que la colère gronde devant les portes du pouvoir, une question essentielle demeure : jusqu’où ces familles devront-elles aller pour se faire entendre ? Leur présence silencieuse mais obstinée constitue un rappel à l’ordre pour ceux qui avaient promis protection et soutien. Dans l’ombre des buildings administratifs, c’est l’âme même de la solidarité nationale qui se joue.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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