La nature frappe à nos portes dans un avertissement silencieux mais terrifiant. Depuis dimanche dernier, neuf léopards – un mâle, sa femelle et sept léopardeaux – errent dangereusement près des habitations humaines, créant une situation de crise écologique et sécuritaire sans précédent dans le territoire de Mambasa.
Ces félins majestueux, supposément échappés de la Réserve de Faune à Okapis, ont été observés sur la colline de Cidip, entre les villages de Mayuano et Masange. À seulement 150 mètres des premières habitations, leur présence transforme le quotidien des populations locales en véritable cauchemar. Comment en sommes-nous arrivés à cette cohabitation forcée entre l’homme et le prédateur sauvage ?
La société civile locale, par la voix d’Alexandre, son représentant, alerte sur l’urgence de la situation. « Nous ne savons pas leur objectif », confie-t-il, traduisant l’incompréhension et la peur qui règnent dans la région. Cette proximité inquiétante entre les léopards RDC et les civils révèle une faille béante dans notre gestion de la sécurité faune RDC.
Les animaux sauvages Ituri, habituellement confinés dans leur habitat naturel, semblent poussés vers les zones habitées par des bouleversements écologiques dont nous mesurons mal l’ampleur. La Réserve de Faune à Okapis, sanctuaire censé protéger ces espèces, montre-t-elle des signes de faiblesse ? L’équilibre délicat de cet écosystème unique serait-il en train de basculer ?
Le silence des autorités compétentes et des responsables de la RFO est assourdissant. Alors que la population vit dans l’angoisse, aucune communication officielle n’est venue rassurer ou expliquer cette migration inhabituelle. Cette absence de réaction interroge sur notre capacité à gérer les crises environnementales émergentes.
Les Mambasa léopards, symboles de la riche biodiversité congolaise, deviennent malgré eux les acteurs d’un drame annoncé. Leur présence près des villages pose une question fondamentale : jusqu’où l’expansion humaine peut-elle repousser les limites des territoires sauvages sans provoquer de collisions inévitables ?
La situation actuelle dans le territoire de Mambasa doit servir d’électrochoc. Elle nous rappelle cruellement que la protection de la faune sauvage ne se limite pas à créer des réserves, mais nécessite une gestion proactive et adaptative. Les autorités compétentes doivent intervenir avant que le pire n’arrive, comme le redoute justement la population locale.
Cette crise des léopards en errance est le symptôme d’un malaise plus profond dans notre relation avec la nature congolaise. Elle nous oblige à repenser notre approche de la conservation et de la coexistence homme-faune. La solution ne réside pas seulement dans la délocalisation temporaire de ces animaux, mais dans une réflexion globale sur la préservation de nos écosystèmes.
Alors que le soleil se couche sur les collines de l’Ituri, une question cruciale demeure : saurons-nous protéger à la fois nos populations et notre patrimoine faunique unique, ou assisterons-nous impuissants à la lente érosion de la biodiversité congolaise ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd