Alors que l’année scolaire bat son plein dans la province du Nord-Kivu, une ombre plane sur le système éducatif. Les enseignants des provinces éducationnelles Nord-Kivu 1 et 3 continuent de réclamer le paiement de leurs salaires des mois de juillet, août et septembre, créant une situation de tension palpable dans les établissements scolaires de la région.
Comment expliquer que des éducateurs, piliers fondamentaux de notre société, doivent attendre des mois pour percevoir leur dû ? La question se pose avec acuité alors que le paiement du mois de juin vient tout juste d’être effectué, laissant en suspens trois mois de salaires impayés. Cette situation affecte directement les enseignants de Goma, ainsi que ceux des territoires de Nyiragongo, Rutshuru, Masisi et Walikale.
Le mécanisme de paiement, confié à la CARITAS en tant qu’agent payeur, fonctionne partiellement via le mobile money pour certains établissements. Mais ce système montre ses limites. « Nous avons reçu le mois de juin. CARITAS, IFOD et les membres de nos syndicats ont échangé et nous ont promis un calendrier de paiement en trois tranches : jeudi et lundi prochains, pour solder les trois mois restants », témoigne Bejo Selemani, enseignant à l’Institut de Masisi.
La complexité du problème ne s’arrête pas là. Les enseignants du cycle primaire se retrouvent dans une situation encore plus précaire, n’ayant perçu que deux mois de prime et de fonds de fonctionnement sur neuf mois dus dans le cadre de la gratuité de l’enseignement fondamentale. Sept mois restent ainsi en attente de paiement, créant des difficultés sociales considérables pour ces professionnels de l’éducation.
Quelles conséquences cette situation a-t-elle sur la qualité de l’enseignement ? Bejo Selemani nous alerte : « En tout cas, nous faisons pression pour que CARITAS paie, afin que l’enseignant puisse aussi organiser les enfants à l’école ». Cette phrase résume à elle seule l’enjeu fondamental : sans salaire régulier, comment les enseignants peuvent-ils se concentrer pleinement sur leur mission éducative ?
Le contexte historique de ce conflit social mérite d’être rappelé. La paie du mois de juin n’est intervenue qu’après plusieurs mois de revendications et de mouvements de grève généralisée. Si les enseignants ont accueilli avec satisfaction le déblocage partiel de la situation, la persistance des retards de paiement menace de faire renaître les tensions.
La CARITAS, en tant qu’agent payeur désigné, se trouve au cœur de cette tempête. Les enseignants recommandent à l’organisation de respecter scrupuleusement le calendrier établi pour le versement des trois mois restants. La crédibilité du système éducatif dans le Nord-Kivu en dépend largement.
Au-delà des simples questions de salaires impayés, c’est l’avenir de l’éducation dans la région qui se joue. Comment assurer la continuité pédagogique lorsque les enseignants doivent consacrer une partie de leur énergie à réclamer leur salaire ? La situation des enseignants Nord-Kivu salaires demeure préoccupante et nécessite une solution durable.
Les récentes avancées, bien que timides, montrent que le dialogue reste possible. Les échanges entre CARITAS paiement enseignants, l’IFOD et les syndicats ont permis d’établir un calendrier de paiement. Reste à voir si ces engagements seront tenus dans les délais annoncés.
La grève enseignants Goma qui avait secoué la région plus tôt cette année pourrait-elle resurgir ? Tout dépendra de la capacité des différentes parties à honorer leurs engagements. L’éducation Nord-Kivu ne peut se permettre de nouvelles perturbations qui affecteraient directement les élèves, déjà confrontés à de multiples défis dans cette région en reconstruction.
Les salaires impayés enseignants RDC représentent un problème structurel qui dépasse le simple cadre du Nord-Kivu. Cette situation met en lumière les difficultés persistantes du système éducatif congolais à assurer des conditions de travail décentes à ses enseignants.
À l’heure où la RDC mise sur l’éducation pour former les générations futures, la résolution rapide de ces problèmes de paiement apparaît comme une condition sine qua non pour garantir un enseignement de qualité. L’avenir de milliers d’élèves en dépend directement.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net