La nature s’est déchaînée avec une violence rare dans le Nord-Kivu, transformant en quelques heures les espoirs de récolte en désolation totale. Des pluies torrentielles accompagnées de grêlons destructeurs se sont abattues sur Nyamilima, pulvérisant littéralement les cultures vivrières qui constituaient l’unique bouée de sauvetage alimentaire pour des milliers de familles.
Comment une communauté déjà vulnérable peut-elle survivre à une telle catastrophe ? La réponse se dessine dans les champs ravagés où haricots, maïs, soja, sorgho et arachides gisent sous la boue, témoins silencieux d’une saison agricole sacrifiée. Les plantes et semis, soigneusement cultivés durant des mois, ont été anéantis par cette intempérie d’une rare intensité.
La situation révèle une urgence humanitaire qui dépasse le simple accident climatique. Cette région du territoire de Rutshuru accueille en effet des centaines de familles déplacées fuyant les conflits armés, rendant la pression sur les ressources locales déjà extrêmement tendue. La destruction des cultures vivrières vient donc asphyxier un territoire où la précarité alimentaire constituait déjà une menace permanente.
« Nous venions tout juste de retrouver l’espoir en retournant dans nos champs après des mois d’insécurité », témoigne un habitant dont la voix porte l’écho de toute une communauté meurtrie. « Profiter des derniers instants de la saison agricole représentait notre unique chance de survie. Aujourd’hui, cette pluie de malheur a tout balayé. »
Les autorités administratives locales, conscientes de l’ampleur des dégâts, ont saisi la hiérarchie provinciale et les organisations humanitaires. Mais le temps presse, et chaque jour perdu creuse un peu plus le spectre de la famine. La nécessité d’une aide d’urgence en vivres et semences devient vitale pour permettre aux agriculteurs de Nyamilima de relancer leurs activités.
Ce drame environnemental n’est malheureusement pas un incident isolé. L’an dernier, la localité voisine de Bulindi subissait le même sort avec plus de 35 hectares de cultures détruits par des intempéries similaires. Cette répétition d’événements climatiques extrêmes interroge sur la résilience d’une région constamment éprouvée.
La spirale infernale s’accélère : destruction des cultures, hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires, insécurité alimentaire croissante. Les familles dont la survie dépend exclusivement de leurs récoltes se retrouvent aujourd’hui contraintes d’envisager un nouveau semis, malgré les pertes subies et l’épuisement de leurs réserves.
Quelle réponse apporter face à cette urgence écologique et humanitaire ? La société civile de Nyamilima lance un appel pressant à la solidarité nationale et internationale. Sans intervention rapide, c’est une crise alimentaire majeure qui se profile à l’horizon, frappant avec une violence particulière les populations déjà vulnérables de déplacés de guerre.
Les sols meurtris de Nyamilima racontent une histoire qui dépasse le simple fait climatique : celle d’une région qui lutte pour sa survie dans un contexte où les défis s’accumulent. La reconstruction nécessitera plus que des semences – elle exigera une mobilisation collective face à l’urgence alimentaire qui menace le Nord-Kivu tout entier.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd