La scène politique congolaise vient d’assister à un événement aussi rare que significatif : la rupture du silence de Dany Banza Maloba, figure emblématique du soutien à Félix Tshisekedi dans l’ex-Grand Katanga. Après des mois de spéculations nourries par son absence médiatique, l’ancien ambassadeur itinérant a choisi de répondre aux rumeurs qui l’accusaient aussi bien de rejoindre des mouvements rebelles que de s’être impliqué dans des affaires financières compromettantes pour le pouvoir.
Dans un entretien accordé à un média de Likasi, Dany Banza a dévoilé les véritables tensions qui minent l’entourage présidentiel. Le constat est sans appel : si sa relation avec le chef de l’État demeure solide, c’est avec la cour présidentielle que les conflits éclatent au grand jour. « Je n’ai aucun problème avec le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi que je soutiens, il a mon soutien total et il le sait », a-t-il affirmé, avant d’ajouter avec une franchise déconcertante : « mais par contre sa cour, son entourage, il n’y a pas mal de gens qui ont un problème avec moi et j’ai un problème avec eux ».
Cette déclaration ouvre une fenêtre inédite sur les réalités du pouvoir congolais. Comment expliquer que l’un des plus fidèles soutiens de Tshisekedi, celui qui l’accompagna dans les moments difficiles de l’opposition, en vienne aujourd’hui à dénoncer publiquement l’entourage présidentiel ? La réponse de Banza est cinglante : « Moi, la boussole c’est le Président de la République, son entourage m’importe peu ».
L’ancien ambassadeur itinérant ne se contente pas de régler ses comptes avec la cour présidentielle. Il revendique une relation privilégiée avec Tshisekedi, forgée dans l’intimité des combats politiques et des voyages en commun. « J’ai connu l’homme, j’ai une relation avec Monsieur Félix Tshisekedi, je l’ai rencontré en 2015, nous avons eu à partager une fraternité sincère », confie-t-il, dépeignant une proximité familiale qui transcende la simple alliance politique.
Le témoignage de Dany Banza révèle surtout les fractures qui traversent l’équipe présidentielle à l’approche d’échéances cruciales. En rappelant son rôle historique dans le ralliement de l’ex-Grand Katanga à Tshisekedi lors des élections de 2018, au détriment de Moïse Katumbi, il réaffirme son influence déterminante dans la conquête du pouvoir. Son retrait du G7 et son soutien précoce à Tshisekedi constituent en effet un chapitre essentiel de l’accession de ce dernier à la présidence.
La question qui se pose désormais est de savoir si ces tensions au sein de l’entourage présidentiel présagent des recompositions plus larges dans le paysage politique congolais. Dany Banza, élu député provincial, député national et sénateur en 2023, demeure un acteur influent dont la parole publique pourrait inspirer d’autres voix critiques au sein de la majorité présidentielle.
Face à ces révélations, comment l’entourage de Félix Tshisekedi réagira-t-il ? Les « jalousies et complots » dénoncés par Banza vont-ils s’intensifier ou céder la place à une réconciliation de façade ? La réponse se jouera dans les prochaines semaines, au moment où le pouvoir doit affronter des défis multiples, tant sur le plan sécuritaire qu’économique.
La loyauté affichée par Dany Banza envers Tshisekedi, qu’il promet de maintenir « cinq ans après qu’il ait quitté le pouvoir », contraste singulièrement avec ses critiques acerbes contre la cour présidentielle. Cette distinction subtile entre l’homme et son entourage pourrait bien devenir la nouvelle ligne de fracture dans les relations de pouvoir en RDC. Reste à savoir si le président Tshisekedi saura ou voudra apaiser ces tensions qui menacent la cohésion de son propre camp.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
