Dans une déclaration ferme samedi, le ministre burundais des Affaires étrangères, Édouard Bizimana, a fustigé des actes de vandalisme ciblant la résidence du consul général du Burundi à Bukavu. Ces dégradations, imputées au mouvement rebelle M23 et à ses alliés, constituent selon lui une violation flagrante « du droit international et du droit diplomatique ».
« Nous condamnons ces agissements contre la mission diplomatique burundaise », a-t-il martelé, soulignant la gravité d’une attaque touchant un symbole de souveraineté. Cet incident survient dans un contexte sécuritaire volatile à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, actuellement sous contrôle de l’Alliance fleuve Congo/M23. Ironie du sort, les forces burundaises représentent aujourd’hui le dernier contingent étranger appuyant les FARDC dans l’Est de la RDC, dans une région minée par des conflits récurrents.
Le consulat visé, dirigé depuis mars 2023 par le général-major Emmanuel Manirakiza, siège avenue Patrice-Emery Lumumba dans le quartier huppé de Nyarukemba. Sa localisation dans la commune d’Ibanda en fait pourtant une cible paradoxale : comment un groupe armé contrôle-t-il assez la ville pour mener une telle opération, tout en laissant prospérer des forces qui le combattent ? Cette contradiction interroge sur la réelle emprise des autorités congolaises.
Les relations RDC-Burundi, traditionnellement solides, pourraient-elles être ébranlées par cet épisode ? Gitega reste un partenaire stratégique de Kinshasa, comme en témoignent les accords de coopération signés en juillet 2021, incluant un projet ferroviaire ambitieux reliant Uvinza à Kindu. Plus significatif encore, l’accord bilatéral de défense conclu le 6 mars 2023 scellait une alliance militaire face aux groupes armés régionaux. Cet événement met-il en péril cette collaboration cruciale pour la sécurité du Sud-Kivu ?
Analystes et observateurs s’inquiètent des répercussions potentielles. Un expert sous couvert d’anonymat confie : « Attaquer une représentation diplomatique d’un pays allié, c’est frapper au cœur la légitimité de l’État congolais dans sa propre région ». Le vandalisme dépasse ici le simple délit : il s’apparente à une provocation calculée visant à déstabiliser les relations bilatérales et tester la résilience du dispositif sécuritaire.
Si le conflit dans l’Est de la RDC connaît des soubresauts réguliers, la cible diplomatique marque une escalade inquiétante. Les réactions internationales seront scrutées, mais une question demeure : cet incident va-t-il contraindre le Burundi à reconsidérer son engagement militaire aux côtés des FARDC ? Dans un contexte où chaque allié compte, la réponse pourrait influencer durablement l’équilibre des forces dans la région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd