Une unité militaire d’élite, dénommée « Chikata », est au cœur de graves allégations d’abus dans plusieurs secteurs de Kinshasa. Composée majoritairement de jeunes équipés d’AK-47 neufs, cette force déployée initialement pour combattre les groupes « Arabes-Américains » et les « Kuluna » installe désormais un climat de peur. Au quartier Kabila, dans la commune de Kisenso, des témoignages accablants émergent sur des pratiques systématiques de torture, viols et extorsions.
La base des Chikata, située près de la rivière Polo à la frontière entre Kisenso et Mont-Ngafula, sert de théâtre à ces exactions. Des habitants décrivent un modus operandi implacable : les militaires patrouillent dès la tombée de la nuit à bord de tricycles surnommés « Keweseki », interceptant arbitrairement des passants. « Ils nous ont fait monter comme des animaux », relate un professeur d’université victime d’humiliation publique et de vol sous la menace.
Le scénario se répète avec une sinistre régularité. Les personnes interpellées sont conduites vers des cachots improvisés où elles subissent des sévices. Une rançon de 100 000 francs congolais devient le prix obligatoire de la liberté. Refuser signifie risquer la mort. « Ils ont violé la fille d’un policier dans leur base après une rafle », confie un père de famille, voix tremblante. Ces violations des droits humains au Congo atteignent un paroxysme dans l’indifférence apparente des autorités.
Pire encore, les Chikata justifieraient leurs agissements par des ordres présidentiels supposés. « Ils disent avoir reçu l’ordre du président de la République. Ils sont capables de vous abattre pour un refus », témoigne un enseignant. Cette prétendue impunité favorise une escalade de violence. Des barricades illégales sont érigées vers Ndjili Brasserie, provoquant embouteillages et panique. Des affrontements éclatent régulièrement avec des civils excédés.
Comment une unité censée protéger la population est-elle devenue source d’insécurité à Kabila ? Les résidents dénoncent une collusion inquiétante avec certains policiers locaux. Des viols collectifs et des exécutions sommaires s’ajoutent désormais au bilan macabre. « Retirez ces jeunes d’ici ! », supplie un habitant. L’inaction des services de sécurité face à ces abus militaires à Kinshasa interroge sur la chaîne de commandement.
Des appels pressants sont lancés pour le remplacement immédiat de l’unité Chikata en RDC par des forces mieux formées. « Nous sommes dans l’ère civile : policiers et militaires doivent nous respecter », insiste un témoin. Les témoignages sur les tortures à Kisenso s’accumulent sans qu’aucune enquête crédible ne soit ouverte. La situation exige une intervention urgente des hautes autorités avant que d’autres vies ne soient brisées par ces violations systématiques.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd