27.9 C
Kinshasa
mercredi, juin 18, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSociétéIturi : 25 000 déplacés reçoivent une bouée financière pour sortir de...

Ituri : 25 000 déplacés reçoivent une bouée financière pour sortir de l’enfer des conflits

Dans le marché poussiéreux d’Adja, Aurélie, 42 ans, serre contre elle un billet de 100 dollars comme une bouée de sauvetage. « Avec ça, je vais enfin acheter des semences pour mon lopin et du savon à revendre au marché », confie cette mère de quatre enfants, déplacée depuis trois ans par les violences entre milices. Son histoire résonne avec celles des 25 000 bénéficiaires du programme de transfert monétaire inconditionnel lancé cette semaine dans le territoire d’Aru, en Ituri. Une lueur d’espoir dans une région où la guerre a broyé les rêves et les économies familiales.

Financée par la Banque mondiale dans le cadre du Programme de stabilisation de l’Est pour la paix, cette aide financière Ituri cible spécifiquement les communautés laminées par des années de conflits armés. À Apinaka, Ofaka ou encore Odra, des files d’attente silencieuses se forment devant les points de distribution. Ici, pas de bureaucratie tatillonne : les fonds sont remis directement aux mains des plus fragiles – déplacés guerre Ituri, personnes handicapées, veuves de combattants. Une simplicité voulue pour toucher ceux que Charles Makopo, coordinateur du volet monétaire, appelle « les invisibles de la reconstruction ».

« L’objectif n’est pas de créer une assistanat perpétuel, mais de permettre à ces familles de retrouver une autonomie financière », explique Makopo. Concrètement, chaque dollar distribué doit servir de tremplin vers des activités génératrices de revenus : petit commerce, maraîchage, artisanat. Dans le village d’Atchinia, des groupes de femmes planifient déjà l’achat collectif de moulins à maïs. À Edyonga, un ancien fermier rêve de reconstituer son cheptel de chèvres. Ces micro-initiatives représentent-elles une réponse suffisante face à l’ampleur des destructions ? La question fuse parmi les travailleurs sociaux.

Car derrière ce coup de projecteur sur Aru se cache une réalité plus sombre. Les autorités locales et la société civile tirent la sonnette d’alarme : que deviennent les milliers d’autres déplacés entassés dans des sites de fortune à Djugu ou Mahagi ? « Ce transfert monétaire vulnérables est une bouffée d’oxygène, mais il laisse en rade des populations entières », déplore Jean-Bosco Lalo, coordonnateur d’une ONG locale. Son plaidoyer est clair : étendre d’urgence ce programme stabilisation Est RDC aux autres zones en proie aux violences. Combien d’Aurélie attendent encore dans l’ombre, leurs enfants le ventre vide ?

L’enjeu dépasse la simple assistance. Ces activités génératrices revenus constituent un premier pas vers la paix sociale dans une région où la précarité alimente les recrutements armés. Mais le chemin reste semé d’embûches : comment garantir la sécurité des bénéficiaires lorsque les milices rôdent encore ? Comment transformer l’essai sans un accompagnement technique prolongé ? La réussite de ce projet pilote pourrait inspirer d’autres interventions, à condition qu’il ne reste pas un îlot de prospérité dans un océan de détresse. L’Ituri retient son souffle : et si l’argent, enfin, valait mieux que les balles ?

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques