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Nord-Kivu : Cri d’alarme d’enfants congolais pour leur protection face aux conflits armés

Leur voix tremblait d’émotion mais portait une conviction inébranlable. « Nous avons droit à la protection, car nous ne sommes ni acteurs ni bénéficiaires des guerres que nous subissons », lancent ces mineurs dont certains arborent encore les stigmates physiques des conflits. À Goma, lors de la commémoration de la Journée de l’Enfant Africain, plus d’une centaine d’enfants ont brisé le silence dans un plaidoyer poignant pour leur survie. Un cri de détresse qui résonne particulièrement dans les territoires de Rutshuru, Beni, Masisi et Nyiragongo, où la protection des plus vulnérables semble reléguée au second plan.

Jean-Marie Negura, chef de projets à l’ONG PAMI basée à Goma, confirme l’urgence : « En ce moment difficile avec les banques fermées et les forces gouvernementales éloignées, nous avons du mal à célébrer cette journée. Les moyens sont limités et les bailleurs n’ont pas la possibilité de nous superviser. » Son organisation, soutenue par la MONUSCO et l’UNICEF, tente pourtant d’apporter un semblant de normalité à près de 800 enfants affectés par les violences armées. Parmi eux, plus de 200 sont d’anciens enfants soldats en processus de réinsertion – un chiffre qui ne représente qu’une fraction de la réalité selon les acteurs locaux.

La révélation glaçante de l’ONG SOPROAD vient corroborer cette sombre perspective : dans le seul territoire de Lubero, plus de 500 mineurs seraient actuellement enrôlés de force dans des groupes armés. Jean-Pierre Kakule Kavaketi, coordonnateur de cette structure membre du sous-groupe protection de l’enfant, alerte sur une pratique qui « vole l’innocence et l’avenir de toute une génération ». Comment expliquer que des enfants congolais continuent de payer le prix fort de conflits qu’ils ne comprennent pas ? La question hante les acteurs humanitaires épuisés par des ressources sans cesse réduites.

Les témoignages recueillis lors de cette journée révèlent une crise multidimensionnelle : manque d’accès à l’éducation, déplacement forcé des familles, traumas psychologiques non soignés. Une fillette de 12 ans originaire de Masisi raconte : « Quand les combats ont commencé, on a fui en courant. Mon frère n’a pas pu suivre… » Sa voix se brise, miroir des milliers d’histoires interrompues par les kalachnikovs. Cette réalité pose un défi fondamental à la protection de l’enfance en RDC : comment construire des mécanismes durables quand les urgences s’accumulent ?

Le plaidoyer des enfants du Nord-Kivu dépasse largement le cadre symbolique d’une journée commémorative. Il interpelle la conscience collective sur l’échec systémique à garantir les droits élémentaires dans les zones de conflit. Alors que les organisations comme PAMI luttent avec des moyens dérisoires, la communauté internationale semble regarder ailleurs. La protection des enfants congolais n’est pourtant pas une option négociable, mais le fondement même de toute reconstruction nationale. Sans elle, c’est l’avenir de tout un pays qui se dessine dans les yeux vidés de ces mineurs qui réclament simplement de pouvoir redevenir des enfants.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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