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Milice Mobondo : Trois ans de terreur ininterrompue dans le Grand Bandundu

Trois années se sont écoulées depuis le déclenchement du conflit communautaire à Kwamouth, dans la province du Mai-Ndombe. Pourtant, la milice Mobondo demeure une menace persistante, loin d’être neutralisée. Fracturée en factions rivales, cette nébuleuse armée continue de semer l’insécurité bien au-delà de son épicentre originel.

Selon des alertes de la 11ᵉ région militaire, la milice est désormais divisée en trois branches principales. L’une dirigée par un certain Daddy, les autres par des chefs connus sous les noms de Satonge et B52. Ces factions s’affrontent régulièrement, comme en mai dernier à Vilakata et près de Kinsele sur la RN17. Ces combats internes ont provoqué des dégâts collatéraux parmi les civils et déclenché de nouveaux déplacements massifs de populations.

L’insécurité dans le Grand Bandundu (Kwilu, Kwango, Mai-Ndombe) atteint des niveaux alarmants. Sur l’axe Lonzo-Kingala, les exactions se sont multipliées : enlèvements, pillages systématiques et extorsions de biens. À Wamba, dans le territoire de Bagata, les autorités provinciales reconnaissent la perte de plusieurs postes de perception fiscale depuis juillet 2024. Un manque à gagner qui paralyse les services publics locaux.

Plus grave encore, une administration parallèle aurait été instaurée par les miliciens à Kinsele. Des sources concordantes rapportent que les transporteurs y subissent un double tribut : après acquittement des taxes officielles, ils doivent verser 5000 FC supplémentaires aux factions de Daddy Satonge. Des pratiques similaires sont signalées sur l’axe Mongata-Bandundu, où les usagers payent entre 1000 et 2000 FC à des miliciens postés en bordure de route.

Comment expliquer cette résilience criminelle ? Le conflit trouve ses racines dans une dispute coutumière du 12 juin 2022 au village de Masiakwa. Un différend sur la redevance imposée par les chefs Teke aux populations Yaka – passée brutalement d’un à cinq sacs par récolte – avait dégénéré en expulsion violente. Les représailles transformèrent rapidement ces tensions en guerre ouverte, avec massacres de civils et villages incendiés.

Aujourd’hui, le mouvement s’est militarisé. Dans la région de Popokabaka et Kenge (Kwango), les miliciens contrôlent toujours plusieurs villages. À Bagata (Kwilu), une dizaine d’agglomérations subissent leur emprise. Entre mars et avril 2024, une incursion au village Mayala a coûté la vie à une dizaine de personnes. Kwamouth reste l’épicentre de cette violence, mais le conflit a essaimé jusqu’aux portes de Kinshasa (Maluku) et au Kongo-Central (Kimvula).

Les chefs coutumiers, premières cibles des factions, ont payé un lourd tribut. Nombre d’entre eux ont été exécutés sommairement avant que les violences ne s’étendent à l’ensemble des communautés. Human Rights Watch documentait dès 2022 comment la milice utilisait des pratiques mystico-militaires avant de s’armer progressivement.

Trois ans après les premiers affrontements, la spirale infernale se perpétue. Les opérations de pacification peinent à endiguer cette hydre à trois têtes. L’insécurité dans le Grand Bandundu est devenue chronique, avec des conséquences humanitaires et économiques dévastatrices. Combien de temps encore ces factions rivales défieront-elles l’autorité de l’État ? La réponse se joue dans les villages martyrs du Kwango, du Kwilu et du Mai-Ndombe, où des milliers de civils attendent une paix illusoire.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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