Dans un geste lourd de symboles économiques, l’Assemblée nationale a approuvé ce mardi 10 juin 2025 huit projets de loi autorisant la ratification d’accords de financement entre le gouvernement congolais et ses partenaires internationaux. Ces textes, validés en séance plénière, débloquent un flux financier colossal de plus de deux milliards trois cent vingt millions de dollars américains – une manne présentée comme le fruit tangible des multiples déplacements diplomatiques du président Félix-Antoine Tshisekedi. Une réponse chiffrée aux sceptiques qui dénonçaient la fréquence des voyages présidentiels ?
Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, n’a pas mâché ses mots lors de son intervention post-vote. S’adressant au ministre des Finances Doudou Fwamba, l’élu de Bukavu a transformé la tribune en tribune politique : « Nul ne va se poser la question sur la moisson qui était attendue des voyages du Président que d’aucuns jugeaient trop encombrants ». Et d’enfoncer le clou avec une métaphore sportive révélatrice : « Le Président a bien préparé le terrain pour le gouvernement, qui a saisi la balle au bond ». Sous les applaudissements, Kamerhe a ainsi lié ces ratifications aux récents succès diplomatiques – siège au Conseil de sécurité de l’ONU et vice-présidence de l’Assemblée générale des Nations Unies – comme pour tisser une narration cohérente de l’efficacité gouvernementale.
Mais au-delà du plaidoyer politique, que recèlent ces textes ? Quatre des huit accords de financement émanent de la Banque mondiale pour un montant total dépassant 1,49 milliard USD, consolidant un portefeuille désormais supérieur à 7 milliards de dollars américains en République démocratique du Congo. Ces partenariats internationaux RDC, présentés comme structurants, visent explicitement à « transformer les engagements en réponses concrètes aux attentes des populations », selon la rhétorique présidentielle. Des mots qui résonnent comme un mantra face aux urgences socio-économiques.
Les autorités promettent que ces fonds ne seront pas de simples injections budgétaires, mais des leviers pour une « modernisation, transparence et résilience économique ». Le gouvernement Suminwa affiche sa feuille de route : renforcement des institutions publiques, élargissement de l’accès aux services essentiels, modernisation d’infrastructures stratégiques et stimulation de la croissance dans les territoires oubliés. Une ambition qui soulève immédiatement la question de la traduction opérationnelle : ces projets de loi économie sauront-ils éviter les écueils de la gabegie passée ?
Si Kamerhe clame que « la moisson abondante met fin aux critiques », le véritable test réside désormais dans l’exécution transparente de ces financements. À l’heure où la Banque mondiale alourdit son exposition congolaise, les mécanismes de suivi des fonds et l’impact réel sur le quotidien des Congolais détermineront si cette ratification financement Congo incarne un tournant ou un épisode de plus dans le théâtre politique. Les prochains mois diront si le gouvernement a réellement « saisi la balle au bond » ou s’il prépare simplement le terrain… pour de futures justifications.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd