Dans un contexte de tensions régionales persistantes, le président du Sénat de la République du Congo, Pierre Ngolo, a effectué une visite officielle à Kinshasa du 5 au 7 juin 2025. Son entretien au Palais du Peuple avec Jean-Michel Sama Lukonde, président de la chambre haute congolaise (RDC), a placé la solidarité transfrontalière et la sécurité au cœur des discussions.
Devant la presse, Pierre Ngolo a insisté sur l’« importance des relations entre les deux rives du fleuve Congo », soulignant la proximité historique entre Kinshasa et Brazzaville. « Ce moment a été l’occasion de réaffirmer notre volonté d’œuvrer ensemble pour que les deux capitales soient solidaires dans les moments difficiles », a-t-il déclaré, dans une allusion transparente à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.
Le président du Sénat congolais a développé une métaphore éloquente : « Lorsque l’une des rives est touchée, l’autre doit également ressentir l’impact ». Ce message vise directement l’agression subie par la RDC, où le groupe M23 – soutenu selon Kinshasa par Kigali – continue de déstabiliser la région. Une situation d’autant plus sensible que le récent rapprochement entre Brazzaville et Kigali avait suscité des méfiances à Kinshasa.
Comment les parlements peuvent-ils contribuer à apaiser ces tensions ? Pierre Ngolo a reconnu que « les parlements n’ont pas un rôle déterminant » mais estime qu’ils doivent « jouer un rôle important dans ce processus de solidarité et d’amitié entre les deux Nations ». L’objectif affiché reste clair : garantir que les relations entre ces peuples frères conservent leur caractère « solide et fraternel » face aux défis sécuritaires en Afrique centrale.
Cette rencontre parlementaire s’inscrit dans une dynamique diplomatique plus large. En décembre 2024, le président Félix Tshisekedi s’était rendu à Brazzaville pour un tête-à-tête avec Denis Sassou Nguesso, évoquant notamment l’échec de la tripartite de Luanda censée résoudre la crise avec le Rwanda. Un dialogue constant semble s’installer malgré les différends stratégiques.
Le projet structurant du pont route-rail entre les deux capitales symbolise cette volonté de coopération concrète. Après la réunion technique de janvier 2025 co-pilotée par la Première ministre Judith Suminwa et le ministre congolais Jean-Jacques Bouya, les travaux avancent sur l’harmonisation des concessions. Avec un budget de 700 millions USD pour sa première phase, cette infrastructure pourrait révolutionner les écomonies nationales et l’intégration régionale.
Cette solidarité affichée suffira-t-elle à contrer les menaces sécuritaires ? Si les parlements entendent jouer un rôle de médiateur, la résolution de la crise du M23 dépendra d’engagements plus larges. La visite de Pierre Ngolo témoigne néanmoins d’une prise de conscience : face aux défis sécuritaires en Afrique centrale, l’unité des deux rives du fleuve Congo reste un impératif géopolitique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd