Dans une déclaration fracassante à la veille de sa visite officielle en France, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a qualifié la campagne militaire israélienne dans la Bande de Gaza de “génocide”. Lors d’une conférence de presse au palais du Planalto à Brasilia, le chef d’État a dénoncé avec force les opérations menées contre les populations civiles palestiniennes : « Ce qui se passe à Gaza n’est pas une guerre ! C’est une armée qui tue des femmes et des enfants ».
Réagissant aux accusations d’antisémitisme formulées par l’ambassade israélienne, Lula a exigé que le gouvernement Netanyahu « cesse de se présenter comme une victime ». Ses propos résonnent comme un électrochoc diplomatique alors que le Brésil, présidant les BRICS, intensifie sa médiation internationale. « Toutes les personnes sensées dans le monde, y compris des Israéliens […] déclarent que ce n’est plus une guerre, que c’est un génocide », a-t-il insisté, évoquant une lettre signée par mille militaires.
Comment ignorer l’urgence humanitaire lorsque des enfants transportant de la farine sont pris pour cible ? Le président brésilien a exprimé son indignation face à un conflit ayant causé, selon les autorités sanitaires de Gaza, plus de 54 600 morts palestiniens depuis octobre 2023. « On ne peut pas, sous prétexte de chercher quelqu’un, tuer des femmes et des enfants, laisser des enfants affamés », a-t-il martelé, rappelant l’impératif d’un cessez-le-feu permanent permettant l’acheminement de l’aide humanitaire.
Cette condamnation sans équivoque s’inscrit dans la ligne diplomatique constante du Brésil. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, avait déjà qualifié les opérations à Gaza de « carnage », tandis que le pays exige le retrait total des troupes israéliennes. La position de Brasilia trouve un écho juridique dans les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahu pour crimes de guerre, et dans la procédure pour génocide intentée devant la Cour internationale de Justice.
Dans ce contexte explosif, la visite d’État de Lula en France revêt une importance stratégique capitale. Arrivé ce mercredi à Paris – première visite d’un président brésilien depuis 2012 – il s’entretiendra avec Emmanuel Macron sur trois dossiers brûlants : le conflit Israël-Palestine, la guerre en Ukraine, et les tensions commerciales avec Donald Trump. Les deux dirigeants signeront une quinzaine d’accords de coopération, mais c’est sur la question palestinienne que le Brésil entend peser de tout son poids.
« Le Brésil a été le premier à reconnaître l’État palestinien en Amérique du Sud », a rappelé Lula, plaidant pour une solution à deux États dans les frontières de 1967. Paris compte manifestement sur cette voix influente du « Sud global » pour relancer les négociations, notamment lors de la conférence Israël-Palestine co-organisée avec l’Arabie saoudite à l’ONU mi-juin. La diplomatie brésilienne pourrait-elle infléchir la position européenne ?
Les divergences ne manquent pourtant pas, notamment sur l’accord de libre-échange UE-Mercosur que la France rejette. Mais face à l’escalade à Gaza, Lula porte un message sans ambiguïté : « C’est précisément en raison de ce que le peuple juif a souffert dans son histoire que le gouvernement israélien devrait faire preuve de bon sens ». Alors que les opérations militaires se poursuivent, cette visite historique pourrait marquer un tournant dans la recherche d’une paix juste et durable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net