Dans le cadre de sa tournée au Kasaï Central, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a mené ce dimanche 25 mai 2025 une inspection minutieuse des projets structurants de Kananga. Une descente sur le terrain révélant autant d’ambitions que d’écueils, où les promesses de développement se heurtent aux réalités opérationnelles. Comment le gouvernement compte-t-il transformer ces chantiers en réalisations tangibles pour la population ?
Le Projet Megatron, centrale solaire destinée à alimenter Kananga, présentait un spectacle de paralysie inquiétant. Judith Suminwa Kananga, accompagnée du gouverneur Moïse Kambulu N’konko, a exigé une relance immédiate du site à l’arrêt. « Le Président Tshisekedi s’est engagé à fournir l’électricité à nos concitoyens », a-t-elle rappelé, soulignant le caractère vital de ce projet pour le développement local. Un avertissement voilé aux responsables, dans une région où l’accès à l’énergie conditionne toute croissance économique.
Sur l’axe routier Kananga-Kalamba Mbuji, qualifié de « route de l’espoir », le constat fut plus nuancé. Nico Nzau Nzau, directeur général de l’Agence Congolaise des Grands Travaux, a détaillé l’avancement des travaux : 150 km praticables sur 230, avec un objectif d’ouverture complète pour juillet 2025. Pourtant, les déclarations optimistes butent sur les contingences climatiques. « La saison des pluies impose ses contraintes », a reconnu la cheffe du gouvernement, ajoutant avec une ironie perceptible : « Certains préfèrent critiquer sur les réseaux sociaux plutôt que de constater les progrès sur le terrain. » Un plaidoyer pour la patience, tandis que l’échéance de 2027 pour l’asphaltage complet semble déjà soumise à l’épreuve du temps.
La visite à l’Athénée Royal Kananga offrait un contrepoint symbolique. Ce complexe scolaire rénové, où fut jadis rédigée la Constitution de Luluabourg, incarne la double priorité éducative et patrimoniale du pouvoir. Douze écoles modernisées doivent concrétiser la gratuité de l’enseignement de base – promesse phare du quinquennat. Mais ce succès apparent ne saurait masquer les défis persistants du désenclavement. La route vers Kalamba-Mbuji, présentée comme le lien vital entre le Kasaï Central et l’Angola, accumule les retards malgré son importance stratégique pour l’intégration régionale.
Cette tournée révèle en filigrane les tensions du mandat Tshisekedi : entre urgence des résultats et complexité des réalisations. Judith Suminwa Tuluka a martelé sa volonté de « suivre les projets jusqu’à leur achèvement », appelant à une « gestion rigoureuse ». Mais comment transformer ces injonctions en réalisations concrètes ? La crédibilité du pouvoir se joue désormais sur sa capacité à transformer l’essai, alors que les infrastructures demeurent le talon d’Achille du développement au Kasaï Central. Les prochains mois, jusqu’à l’échéance de juillet pour la route frontalière, s’annoncent déterminants pour mesurer l’efficacité de cette nouvelle gouvernance.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd