Dans un contexte où la fragmentation administrative menace le développement des provinces congolaises, les travaux du cadre permanent de concertation des gouverneurs de l’espace Grande Orientale s’ouvrent à Isiro sous les auspices de l’article 199 de la Constitution. Cette disposition visionnaire permet-elle enfin de transformer l’isolement territorial en force collective ? La réunion d’Isiro, épicentre des actualités Haut-Uele, tente d’apporter une réponse concrète.
Jean Bakomito Gambu, gouverneur du Haut-Uele, défend cette coopération interprovinciale RDC comme un « devoir historique ». Lors des concertations gouverneurs, il a martelé : « Nous avons le devoir de concevoir des réponses régionales cohérentes et d’engager des réformes conjointes ». Une ambition qui dépasse le simple exercice administratif pour devenir, selon ses termes, un « pacte de confiance entre provinces sœurs ». Ce cadre constitutionnel pourrait-il pallier les défaillances structurelles de l’État central ?
L’architecture de cette collaboration repose sur cinq piliers stratégiques : sécurité, infrastructures, éducation, santé et agriculture. La mutualisation des efforts dans ces secteurs vise explicitement à créer des « pools de croissance interconnectés » plutôt que des entités cloisonnées. Cette approche régionale répond-elle aux attentes des populations souvent marginalisées dans les dynamiques nationales ? Le gouverneur promet de « mettre nos populations au centre de toutes nos actions », un engagement qui sera scruté à l’aune des réalisations concrètes.
La dimension politique de cette réunion Isiro n’échappe à aucun observateur. En harmonisant leurs positions, les quatre provinces entendent « parler d’une seule voix » face au gouvernement central et aux partenaires internationaux. Cette unité affichée résistera-t-elle aux réalités budgétaires et aux tensions interprovinciales latentes ? Le défi est de taille : transformer un cadre juridique en mécanisme opérationnel capable de booster la coopération interprovinciale RDC.
Alors que les travaux s’achèvent ce jeudi, l’espace Grande Orientale se trouve à un carrefour décisif. Si Bakomito y voit une « dynamique de transformation collective », l’absence de feuille de route précise suscite des interrogations. La véritable mesure de ce sommet résidera dans sa capacité à dépasser les déclarations d’intention pour imposer une gouvernance partagée. L’histoire jugera si cette concertation inédite aura su transformer l’essai constitutionnel en progrès tangible pour les populations de l’Est congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net