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RDC-Rwanda : la guerre des mots sur les réfugiés atteint un nouveau paroxysme

La République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda s’affrontent une nouvelle fois sur la question sensible des réfugiés. Le Vice-Premier ministre congolais de l’Intérieur, Jacquemain Shabani Lukoo, a vigoureusement rejeté les accusations de Kigali concernant un prétendu rapatriement forcé de réfugiés rwandais organisé par le HCR. Une controverse qui ravive les tensions historiques entre les deux pays, dans un contexte sécuritaire volatile au Nord-Kivu.

Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur publié à Kinshasa, les allégations rwandaises seraient « inexactes et trompeuses ». Les autorités congolaises rappellent que le processus de retour des réfugiés s’inscrit dans le strict cadre de l’accord tripartite de 2010, ratifié avec le Rwanda et le HCR. Ce dispositif juridique, renforçant celui de 1994, encadre le principe du rapatriement volontaire. « Tous les retours se font en respectant la libre volonté des personnes », insiste le texte officiel.

Mais comment expliquer cette nouvelle crise verbale ? Le cœur du différend réside dans le déplacement de plusieurs centaines de réfugiés initialement installés à Karenga. Contraints de fuir vers Sake (Masisi) face à l’avancée de l’Armée rwandaise sur le sol congolais – selon les déclarations de Kinshasa – ces populations se retrouvent au centre d’une bataille narrative. Le ministère congolais affirme avoir « dûment identifié et signalé ces cas aux autorités rwandaises » dans le cadre des mécanismes de coopération existants.

Plus grave encore : Kinshasa dénonce une « stratégie de transplantation illégale de populations » via l’implantation de camps de réfugiés dans des zones occupées. L’arrivée de camions transportant des Rwandais à Kabuhanga (Nyiragongo) le 23 mai dernier est présentée comme une violation du droit international. Une situation qui interroge sur les réelles motivations géopolitiques à l’œuvre dans cette région minière stratégique.

Face à ces accusations croisées, le HCR se trouve dans une position délicate. L’agence onusienne, citée dans les deux communiqués antagonistes, est sommée par Kinshasa de convoquer une réunion tripartite urgente. La RDC réaffirme sa volonté de « solutions pacifiques » tout en exigeant le respect des accords signés. Mais dans un climat de défiance accru, les observateurs s’interrogent : les mécanismes diplomatiques actuels suffiront-ils à désamorcer cette crise ?

Cette polémique survient alors que la région du Nord-Kivu reste en proie à l’activité des groupes armés, dont les FDLR régulièrement pointés du doigt par Kigali. Les experts redoutent une instrumentalisation du dossier des réfugiés dans le cadre plus large du conflit opposant la RDC au Rwanda. Les récentes avancées de l’armée congolaise soutenue par les contingents est-africains ajoutent une dimension sécuritaire explosive à ce contentieux humanitaire.

Alors que les tensions RDC-Rwanda sur les réfugiés prennent un tour inédit, la communauté internationale garde les yeux rivés sur le HCR. L’agence devra faire preuve de transparence pour préserver sa crédibilité dans cette affaire. Pour des milliers de déplacés pris au piège de cette guerre narrative, l’enjeu dépasse les déclarations diplomatiques : il concerne leur droit fondamental à une protection internationale impartiale.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net

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