La prison urbaine de Kakwangura à Butembo a vu vingt-cinq détenus recouvrer la liberté ce mercredi 21 mai, dans le cadre de l’application de l’ordonnance présidentielle octroyant une grâce collective. Cette mesure, destinée à réduire la surpopulation carcérale chronique au Nord-Kivu, concerne dix-sept condamnés relevant de la juridiction militaire et huit civils, dont deux femmes. Une initiative qui intervient dans un contexte où les établissements pénitentiaires de la région fonctionnent à plus de 680% de leur capacité.
Supervisée par le coordonnateur principal chargé de l’administration de la justice provinciale, en présence du maire de Butembo, la cérémonie de libération a été marquée par un appel solennel du directeur de la prison, Kisa Kalobera Eric. « C’est un acte que vous n’avez pas mérité, mais étant donné l’amour du président de la République, incliné au niveau de la province […] Vous avez aujourd’hui une deuxième chance. Ne la gaspillez pas », a-t-il déclaré, insistant sur l’impératif de réinsertion sociale.
Le cas de la prison Kakwangura symbolise l’urgence carcérale en RDC : conçue pour 200 détenus, elle en compte actuellement 1 366. Les organisations de défense des droits humains dénoncent depuis des années des conditions de détention inhumaines, réclamant des solutions structurelles. Cette libération s’inscrit dans une série de mesures similaires, comme celle d’avril dernier à Beni où 117 personnes avaient été remises en liberté, dont 74 militaires.
Si la grâce présidentielle apporte un répit temporaire, quelle stratégie pérenne pour endiguer l’engorgement des prisons congolaises ? Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Kakule Somo Evariste, avait salué en avril « une avancée humanitaire majeure » tout en soulignant la nécessité de réformes judiciaires accélérées. Les observateurs pointent du doigt la lenteur des procédures et le manque d’alternatives aux peines privatives de liberté.
Cette opération relance le débat sur l’équilibre entre justice corrective et pression carcérale. Alors que les libérés de Butembo tentent de reconstruire leur vie, les autorités devront trancher : faut-il privilégier les grâces exceptionnelles ou investir dans l’extension des infrastructures pénitentiaires ? Une question cruciale pour une province où le taux de détention préventive dépasse 80% selon le dernier rapport de la MONUSCO.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd