Une violence insensée a frappé le lieu saint de Banana ce dimanche 12 mai. Vers 10 heures, un militaire de la force navale des FARDC a forcé les portes de l’église Bethesda Ministry en pleine célébration. Armé et déterminé, il réclamait avec insistance une fidèle nommée Naomie. Face au silence terrifié des fidèles, l’homme a déchargé son arme sur l’assemblée, transformant un moment de prière en scène de chaos.
Les coups de feu ont retenti pendant près de deux minutes, selon des témoins encore sous le choc. Bilan immédiat : deux morts, dont un nourrisson de huit mois, et quatre blessés graves. Une troisième victime, touchée à l’abdomen, a succombé durant son transfert vers l’hôpital général de Moanda. Les services médicaux confirment que trois personnes restent hospitalisées, leur pronostic vital désormais hors de danger.
Comment un tel drame a-t-il pu se produire en plein cœur d’un lieu de culte ? Les premières informations indiquent que le soldat, en service à la base navale voisine, agissait pour des motifs personnels liés à une relation conflictuelle. La présence d’armes de service dans les enceintes militaires interroge une fois de plus sur les procédures de sécurité internes aux FARDC.
L’administrateur territorial adjoint de Moanda, Nicolas Kinduelo, a apporté des précisions glaçantes lors d’une déclaration improvisée. « Le militaire a été neutralisé par des civils courageux avant d’être remis à nos services. Conformément à la procédure, son jugement en flagrance débutera dès ce lundi devant le tribunal militaire de garnison. » Une enquête parallèle a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes du lynchage par la population.
Ce drame relance le défi sécuritaire dans le Kongo Central, région pourtant considérée comme stable comparée à l’Est du pays. Les habitants de Banana, cité côtière habituellement paisible, expriment leur colère devant la recrudescence des violences impliquant des éléments des forces armées. « Nos militaires devraient nous protéger, pas nous massacrer ! », lance un jeune homme sous couvert d’anonymat.
La hiérarchie militaire promet des sanctions exemplaires. Une source au sein de l’état-major naval évoque une possible « crise systémique » dans la gestion des effectifs. Entre formations accélérées et effectifs sursollicités, les dérives individuelles trouveraient un terrain propice. Une analyse qui n’apaise pas les familles des victimes, exigeant justice et réformes immédiates.
Alors que Banana observe trois jours de deuil officiel, une question persiste : cette tragédie isolée annonce-t-elle une nouvelle forme d’insécurité dans l’ouest de la RDC ? Les récentes attaques armées contre des civils dans les provinces centrales laissent craindre une extension géographique des violences. Les observateurs appellent à un audit national sur le contrôle des armes au sein des forces régulières.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net