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Maniema : La liberté de la presse à l’épreuve du numérique et des conditions précaires

Dans la salle Auditorium de Tambwe Mwamba à Kindu, une ambiance à la fois solennelle et électrique a marqué la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse ce 3 mai. Alors que les professionnels des médias du Maniema échangeaient avec les autorités provinciales, une question revenait comme un leitmotiv : comment exercer un journalisme libre et responsable face à la révolution numérique et aux défis structurels ?

Grace Mbambi wa Mbambi, président sectionnaire de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) au Maniema, a lancé un appel qui résonne comme un cri d’alarme. « Le numérique n’est plus une option, c’est une nécessité vitale pour survivre », affirme-t-il, le visage illuminé par la lumière des smartphones brandis par des journalistes en quête de réponses. Son plaidoyer pour une « prise de conscience urgente » de l’évolution technologique cache mal une réalité brutale : combien de rédactions disposent d’une connexion internet stable à Kindu ?

Derrière les discours officiels se profile un paradoxe congolais. Comment parler de transition numérique quand certains journalistes recopient encore leurs articles à la main faute d’ordinateurs ? « J’ai dû vendre une partie de ma récolte de manioc pour acheter des crédits internet », confie sous couvert d’anonymat une reporter radio locale. Son témoignage illustre le fossé entre les ambitions affichées et les moyens dérisoires.

Le deuxième volet de l’intervention de Mbambi frappe par son actualité brûlante : l’exigence d’un « cadre de travail approprié » pour les journalistes. Une formule pudique qui masque des situations parfois indignes. Combien de médias provinciaux fonctionnent sans bureaux fixes, avec du matériel obsolète et des salaires irréguliers ? « On nous demande de faire du journalisme professionnel alors qu’on travaille dans des conditions de précarité inavouables », s’insurge un rédacteur en chef de web-TV.

La présence des autorités provinciales à cet événement soulève des questions cruciales. Jusqu’où les pouvoirs publics sont-ils prêts à accompagner cette mue nécessaire des médias ? L’État provincial va-t-il enfin budgétiser des formations techniques, subventionner l’accès au haut débit ou moderniser les infrastructures médiatiques ?

Les enjeux dépassent largement le cadre professionnel. Dans une province comme le Maniema, où l’accès à l’information reste un défi, la modernisation des médias devient un impératif démocratique. Comment lutter contre la désinformation si les journalistes locaux ne peuvent pas vérifier les faits en temps réel ? Quel contre-pouvoir efficace face aux dérives politiques sans des médias financièrement indépendants ?

Cette journée du 3 mai aura au moins eu le mérite de mettre à nu les contradictions d’un système médiatique à la croisée des chemins. Alors que la RDC s’apprête à vivre un cycle électoral crucial, la profession se bat sur deux fronts : s’adapter à la féroce concurrence numérique tout en préservant ses valeurs déontologiques. Le défi semble titanesque, mais comme le rappelle un vieux journaliste présent dans l’assistance : « C’est en marchant qu’on ajuste ses pas ».

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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