Une nouvelle crise sécuritaire secoue la région de Kwamouth, dans la province du Mai-Ndombe. Des miliciens Mobondo ont transformé une voie secondaire de la RN17, près de Kinsele, en véritable piège pour usagers. Deux véhicules transportant des denrées agricoles sont immobilisés au village Mbenzale depuis le début de la semaine, selon des sources locales.
Des tranchées profondes creusées à la hâte barrent l’unique axe de circulation. « Ils veulent tout prendre : les marchandises, les véhicules, peut-être même les vies », alerte un élu sous couvert d’anonymat. À bord des camions bloqués, une cinquantaine de civils vivraient en otage, contraints à une attente angoissante sous la menace des armes.
Le député provincial David Bisaka tire la sonnette d’alarme. « Nous exigeons une escorte militaire immédiate pour sécuriser l’évacuation », martèle l’élu de Kwamouth. Son appel urgent aux autorités de la première zone de défense militaire révèle l’ampleur du désarroi face à la recrudescence des attaques.
Cette situation rappelle un scénario déjà observé en décembre 2024. Après l’incendie d’un convoi similaire, les transporteurs avaient déserté cette portion stratégique pendant plusieurs mois. La timide reprise du trafic se heurte aujourd’hui à une violence mieux organisée. « Leurs méthodes ont changé. Maintenant, ils préparent des embuscades sophistiquées », analyse un observateur sécuritaire.
Les conséquences économiques s’annoncent dévastatrices. Cette route constitue un maillon essentiel pour l’écoulement des récoltes vers Kinshasa. Combien de tonnes de manioc ou de maïs pourrissent actuellement dans ces camions captifs ? La question hante les agriculteurs de la région.
Face à cette paralysie, les revendications se précisent. L’installation de postes de police permanents figure parmi les solutions avancées. Mais comment sécuriser une zone où les groupes armés défient ouvertement l’autorité de l’État ? Les précédents déploiements de forces spéciales n’ont apporté que des répités temporaires.
En attendant, la psychose gagne les localités voisines. Les populations rurales, déjà éprouvées par les conflits intercommunautaires, redoutent une extension des violences. « Chaque jour sans réponse des autorités renforce les Mobondo dans leur emprise », déplore un leader communautaire joint par téléphone.
Ce drame relance le débat sur la sécurisation des axes routiers en RDC. Combien de villages restent-ils isolés à cause de l’insécurité ? Jusqu’où peut s’enfoncer une région privée de ses voies d’approvisionnement vitales ? Les réponses tardent, pendant que les miliciens consolident leur contrôle sur des territoires entiers.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd