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Reddition des comptes 2024 au Tanganyika : L’Assemblée avalise un bilan déficitaire

C’est un exercice de transparence qui n’a pas manqué de susciter des interrogations. L’Assemblée provinciale du Tanganyika a, ce mercredi 17 décembre 2025, déclaré recevable le projet d’édit portant sur la reddition des comptes de l’exercice 2024. Pourtant, le bilan présenté par l’Exécutif provincial est loin d’être reluisant, avec un déficit criant et une exécution budgétaire en demi-teinte. Sous la conduite du président Cyril Kimpu Awel, la séance plénière a révélé les fissures d’une gestion financière qui peine à répondre aux attentes de développement de la province.

La ministre provinciale des Finances, Faida Muguiza Isabelle, représentant le gouverneur, a dressé un tableau préoccupant. Les prévisions de recettes générales pour 2024 s’élevaient à 392,87 milliards de francs congolais, mais seules 41% ont été effectivement mobilisées. L’exécution des dépenses, quant à elle, s’est limitée à 39,81%. Des chiffres qui en disent long sur les difficultés de la province à générer des ressources et à les dépenser efficacement. Plus de 70% des recettes ont été consacrées aux transferts et interventions courantes, laissant à peine 1% aux investissements. Un pourcentage dérisoire face aux besoins immenses en infrastructures et services de base, soulignant un déficit budgétaire Tanganyika préoccupant pour les finances provinciales RDC.

Comment expliquer un tel écart entre les prévisions et la réalité ? La ministre a invoqué des taxes non activées en 2024, désormais intégrées dans le budget 2025 pour améliorer la mobilisation. Mais cette justification n’a pas convaincu l’ensemble de l’hémicycle. Plusieurs élus, tant de l’opposition que de la majorité, ont critiqué la faible performance de l’Exécutif. Le député Kasangu Nduba Papy (Opposition) a fustigé un manque d’impact des dépenses publiques sur les conditions de vie de la population. « Rien n’est fait sur le terrain », a-t-il lancé, résumant un sentiment d’impuissance partagé par de nombreux citoyens. Son collègue de la majorité, Kalonda Kantala Joseph-Barnabé, a abondé dans le même sens, signe que les clivages politiques s’effacent devant l’urgence du développement.

Dans un climat de dialogue institutionnel, le président de l’Assemblée, Cyril Kimpu Awel, a encouragé la ministre à solliciter l’accompagnement de l’institution pour renforcer la mobilisation des recettes. Une main tendue qui pourrait être interprétée comme un appel à plus de coopération, mais aussi comme un aveu des limites de l’action gouvernementale. Le geste est noble, mais suffira-t-il à inverser la tendance ? La reddition des comptes du Tanganyika pour 2024 met en lumière un problème structurel : la difficulté à transformer les budgets en réalisations tangibles pour les populations. L’Assemblée provinciale Tanganyika joue ici un rôle clé de contrôle, mais sa marge de manœuvre reste contrainte par les réalités économiques.

Au terme des débats, le projet d’édit a été avalisé par la majorité des députés et transmis à la Commission Économie et Finances (ECOFIN) pour un examen approfondi dans un délai de 48 heures. Cette étape cruciale permettra de scruter les comptes dans le détail et d’émettre d’éventuelles recommandations. Parallèlement, l’Assemblée a adopté l’Édit portant budget rectificatif 2025, après examen et adoption du rapport de la Commission ECOFIN, avant transmission au gouverneur pour promulgation. Une manière de tourner la page sur un exercice difficile et de se projeter vers l’avenir, mais avec quelles garanties ? Le budget 2024 Tanganyika aura laissé un goût amer, et la crédibilité de l’Exécutif provincial en sort fragilisée.

Le déficit budgétaire du Tanganyika n’est pas une simple question de chiffres ; il reflète les défis de gouvernance et de planification auxquels font face nombreuses provinces de la RDC. Les finances provinciales sont sous pression, et la capacité à mobiliser des recettes internes reste un enjeu majeur pour l’autonomie et le développement. Si l’Assemblée a joué son rôle de contrôle en déclarant recevable le projet, elle doit maintenant assurer un suivi rigoureux pour que les erreurs passées ne se répètent pas. La balle est désormais dans le camp de l’Exécutif, qui devra démontrer que les leçons ont été tirées et que le budget 2025 sera exécuté avec plus d’efficacité.

En attendant, la population tanganyaise continue de regarder, souvent avec scepticisme, les manœuvres politiques et budgétaires. Les promesses de développement restent lettre morte tant que les ressources ne sont pas orientées vers des projets structurants. La reddition des comptes 2024, bien que recevable, sonne comme un avertissement : sans une gestion plus vertueuse des deniers publics, la confiance des citoyens risque de s’éroder davantage. L’Assemblée provinciale du Tanganyika a pris acte, mais c’est sur le terrain que se jouera la véritable légitimité de ses institutions. Les prochains mois seront décisifs pour juger de la capacité de la province à redresser ses finances et à répondre aux attentes légitimes de sa population.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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