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Sud-Kivu : Luvungi vidée de sa population sous les obus de l’AFC-M23

La plaine de la Ruzizi, au Sud-Kivu, est le théâtre d’une désertification massive. Depuis le matin du vendredi 4 décembre 2025, la cité de Luvungi se vide de ses habitants à un rythme alarmant. Selon des sources locales concordantes, près de 80% de la population a déjà pris la route de l’exode. Cette fuite éperdue est une réponse directe à l’intensification des combats qui opposent, depuis trois jours, les rebelles de l’AFC-M23 aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Les déplacés de Luvungi empruntent majoritairement un axe sud, se dirigeant d’abord vers la localité de Sange, puis vers la ville d’Uvira. Leur objectif ultime? Franchir la frontière pour trouver refuge au Burundi voisin. Cette aspiration se heurte cependant à une réalité immédiate : la fermeture du poste frontalier de Rubenga, situé à proximité de Luvungi. Des notables locaux déplorent cette fermeture, qui complique davantage une situation humanitaire déjà extrêmement précaire.

L’exode n’est pas motivé par une simple peur des combats à distance. La cité de Luvungi est directement prise pour cible. Des obus, tirés depuis les localités de Kamanyola et Katogota où les affrontements font rage, frappent la zone habitée. Cette artillerie indiscriminée transforme les rues en zones de danger, poussant les familles à abandonner leurs biens pour sauver leurs vies. La crise humanitaire en RDC atteint ici un nouveau paroxysme.

Les conséquences sont déjà tangibles et dramatiques. Des témoignages recueillis sur place font état de trois civils blessés par des éclats d’obus ou des débris. Parmi les victimes figurent une personne âgée, un enfant et une femme, soulignant la vulnérabilité des non-combattants pris au piège de cette escalade. Ces blessures illustrent le coût humain direct de la confrontation entre l’AFC-M23 et les FARDC dans la plaine de la Ruzizi.

La bataille pour le contrôle stratégique de la zone explique cette violence. Kamanyola et Katogota sont le centre de gravité des opérations militaires depuis 72 heures. Les informations indiquent que l’AFC-M23 travaille à consolider ses positions dans la partie nord de ce secteur, tandis que les FARDC font de même au sud. Cette cristallisation du front crée un environnement instable et hautement dangereux pour les communautés riveraines.

La question se pose : pourquoi cette région est-elle devenue si cruciale ? La plaine de la Ruzizi constitue un axe de communication et un couloir économique vital, reliant le Sud-Kivu aux pays voisins. Son contrôle revêt donc une importance tactique et symbolique majeure pour les belligérants. Malheureusement, cette logique militaire éclipse totalement les besoins élémentaires de sécurité des civils congolais.

L’ampleur du déplacement depuis Luvungi n’est pas un incident isolé. Elle s’inscrit dans une dynamique régionale plus large de mouvements de population forcés par l’insécurité chronique au Sud-Kivu. Chaque nouvel affrontement génère son lot de déplacés, aggravant une crise humanitaire qui dépasse les capacités de réponse des organisations locales et internationales. Les infrastructures d’accueil à Sange et Uvira risquent d’être rapidement saturées.

La fermeture de la frontière burundaise à Rubenga ajoute une couche de complexité. Elle prive les fuyards d’une issue immédiate et potentiellement plus sûre. Cette décision, dont les motifs précis ne sont pas tous clarifiés, pourrait refléter les préoccupations sécuritaires de Bujumbura ou des difficultés logistiques à gérer un afflux soudain. Quelles en seront les conséquences pour les familles bloquées dans un no man’s land ?

L’inquiétude grandit parmi les acteurs humanitaires et les autorités locales. L’accès à la zone pour fournir une aide d’urgence – eau, nourriture, abris, soins médicaux – pourrait se révéler extrêmement difficile, voire impossible, tant que les combats se poursuivront. La priorité absolue reste l’établissement de corridors humanitaires sécurisés pour évacuer les civils et secourir les blessés.

Cette situation met en lumière la fragilité persistante de la sécurité dans l’est de la République démocratique du Congo. Malgré les engagements politiques et les déclarations de paix, le terrain reste marqué par la violence des armes. La population de Luvungi, aujourd’hui sur les routes, en paye le prix fort. Son calvaire rappelle que la stabilisation du pays passe impérativement par la protection effective des civils et la recherche d’une solution politique durable aux conflits qui déchirent la région.

L’avenir immédiat des déplacés de Luvungi reste incertain. Leur retour dans leurs foyers dépendra de la capacité des forces régulières à repousser la menace et à rétablir un environnement sécurisé. En attendant, la plaine de la Ruzizi, vidée d’une grande partie de ses habitants, devient le symbole tragique d’une guerre dont les civils sont les premières victimes. Le bilan de ces trois jours de combats, au-delà des positions militaires perdues ou gagnées, se mesure en vies brisées et en communautés disloquées.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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