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Grève des infirmiers au Sud-Kivu : une crise sanitaire alarmante à Uvira et Fizi

Dans les rues d’Uvira, une scène inhabituelle se déroule depuis six jours consécutifs : des centaines d’infirmiers campent jour et nuit devant la Division provinciale de la santé. Leur mouvement de grève, initié le 3 novembre 2025, paralyse littéralement le système de santé dans les territoires d’Uvira et Fizi, au Sud-Kivu. Comment en est-on arrivé à cette situation critique où les soignants doivent abandonner leurs patients pour faire entendre leurs revendications ?

Mapigano Moïse, infirmier syndicaliste à Uvira, expose des demandes précises : « Nos revendications sont assez claires notamment la majoration des primes de risques à 600.000 FC, paiement des arriérés de 10 mois pour les payer manuellement et 20 mois pour les remplaçants ». La liste continue avec le dégel des comptes des infirmiers gelés à Equity Bank et à la TMB depuis plusieurs mois, la bancarisation des infirmiers, l’affichage des listings pour dénicher les fictifs au détriment des ayants droits, et enfin la mécanisation et l’alignement des infirmiers. « C’est de nos droits légitimes » insiste-t-il, la lassitude perceptible dans sa voix.

Pendant ce temps, la population subit de plein fouet les conséquences de cette grève des infirmiers dans le Sud-Kivu. André Byadunia, acteur de la société civile locale, dresse un tableau alarmant : « Le constat est dramatique : tous les centres visités sont fermés, aucun infirmier pour assurer les soins, des patients abandonnés à eux-mêmes ». La situation devient particulièrement critique pour les plus vulnérables. « Certains patients sont en état critique, des femmes enceintes et enfants sans soins prénataux ni vaccins, aucun service minimum fonctionnel » déplore-t-il.

La crise sanitaire à Uvira atteint des proportions inquiétantes avec des signalements de décès d’enfants et de mamans. Les services de Consultation Prénatale (CPN) et de Consultation Postnatale (CPS) sont complètement à l’arrêt. On observe une rupture des vaccins essentiels comme le BCG, exposant la population à des risques sanitaires majeurs. Dans une région en proie aux conflits, la situation devient encore plus dramatique : « En pleine guerre, les blessés ne sont pas pris en charge, faute de personnel soignant » souligne amèrement André Byadunia.

Les revendications des soignants en RDC trouvent ici un écho particulier. Comment expliquer que ceux qui devraient être en première ligne pour sauver des vies doivent ainsi manifester pour obtenir ce qui leur est dû depuis des mois, voire des années ? La fermeture des centres de santé à Fizi et dans toute la province du Sud-Kivu illustre l’ampleur du mouvement social. Les habitants confirment que tous les centres de santé de la province sont fermés suite à cette grève généralisée des infirmiers.

Le silence des autorités face aux revendications des soignants interroge. Le délégué syndical précise que leurs demandes sont portées depuis plusieurs jours mais que « l’autorité garde toujours le silence ». Cette absence de réponse officielle contribue à radicaliser le mouvement. Les infirmiers, déterminés, annoncent qu’ils vont poursuivre leurs actions jusqu’à ce qu’ils obtiennent gain de cause.

Cette grève des infirmiers au Sud-Kivu soulève des questions fondamentales sur la valeur accordée au personnel soignant en République Démocratique du Congo. Jusqu’où faudra-t-il que la crise sanitaire s’aggrave pour que les autorités prennent conscience de l’urgence de la situation ? La population, prise en otage entre un système de santé défaillant et des soignants légitimement revendicateurs, paie le prix fort de cette impasse.

Alors que le mouvement social au Sud-Kivu persiste, une solution rapide s’impose pour éviter une catastrophe humanitaire plus grande encore. Les enjeux dépassent la simple question salariale : c’est tout le système de santé congolais qui doit être repensé pour garantir des soins de qualité à la population et des conditions de travail décentes pour ceux qui les dispensent.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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