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Procès Lumbala : l’absence de l’accusé n’arrête pas la justice française

La Cour d’assises de Paris poursuit méthodiquement l’examen des charges pesant sur Roger Lumbala, ancien chef rebelle et ministre congolais, jugé pour complicité de crimes contre l’humanité. L’audience du mercredi 27 novembre a été marquée par des témoignages poignants de victimes des exactions commises lors de l’opération « Effacer le tableau » entre 2002 et 2003 en Ituri et dans le Haut-Uélé.

Le procès se déroule dans un contexte particulier puisque l’accusé, Roger Lumbala, refuse systématiquement de comparaître depuis l’ouverture des débats le 12 novembre. Chaque audience commence par la lecture d’un procès-verbal constatant l’absence volontaire du prévenu, qui conteste la compétence de la juridiction française pour le juger. Cette stratégie d’obstruction n’a cependant pas entravé la marche de la justice, la cour poursuivant résolument l’audition des témoins et victimes.

La matinée du 27 novembre a permis d’entendre deux victimes dont les récits ont mis en lumière la brutalité des crimes reprochés. Un chef pygmée d’Epulu a décrit avec une précision douloureuse le viol collectif de sa sœur par trois militaires de la milice, acte qui entraîna son décès trois jours plus tard. « Esther était morte. On n’avait pas les moyens de la sauver, elle était en termes de grossesse, on ne savait pas la sauver », a-t-il déclaré devant une assistance médusée. Quelques jours après ce drame, sa tante subissait le même sort de la part de quatre autres hommes de Lumbala, survivant physiquement mais gardant des séquelles psychologiques l’empêchant de témoigner personnellement à Paris.

Les pillages systématiques ont également été documentés lors de cette audience. Le témoin a relaté comment les miliciens « entraient dans les ménages et pillaient tout ce qu’ils pouvaient », détruisant méthodiquement ce qu’ils ne pouvaient emporter, notamment les filets de chasse essentiels à la survie des communautés locales. L’amertume du chef pygmée était palpable lorsqu’il a exprimé son regret de ne pouvoir confronter Lumbala pour exiger réparation de ces biens détruits.

La deuxième victime entendue ce mercredi a décrit des travaux forcés et des actes de torture subis pendant cette période sombre. La cour, cherchant à établir le degré de responsabilité directe de Roger Lumbala dans ces exactions, a interrogé les témoins sur leur capacité à identifier l’accusé. Le chef pygmée a affirmé qu’il reconnaîtrait parfaitement Lumbala, l’ayant vu atterrir à Epulu à bord d’un hélicoptère alors qu’il commandait ses troupes, et ayant même reçu de ses mains des distributions de sel et de savon.

L’après-midi a été consacrée à l’audition à huis clos de victimes de viols, permettant aux magistrats de recueillir des témoignages dans des conditions préservant l’intimité des personnes. Le président de la cour a noté la cohérence remarquable entre ces dépositions et celles recueillies précédemment devant les juges d’instruction. Comment expliquer que tant de crimes soient restés impunis pendant près de deux décennies ? La réponse pourrait émerger au fil des audiences à venir.

Ce procès s’inscrit dans le cadre de la compétence universelle permettant aux juridictions nationales de poursuivre des crimes internationaux lorsque les États concernés, comme la République Démocratique du Congo dans ce cas précis, n’engagent pas de poursuites. Cette procédure historique pourrait établir un précédent important pour d’autres affaires documentées dans le rapport Mapping des Nations Unies, notamment celles impliquant Jean-Pierre Bemba et Constant Ndima, dont les noms reviennent régulièrement dans les dépositions.

La cour poursuivra ses travaux ce jeudi avec l’audition de nouvelles victimes venues d’Epulu, Mambasa et de la région d’Isiro, déterminées à faire éclater la vérité sur une opération militaire ayant causé d’innombrables morts, creusé des fosses communes et plongé des communautés entières dans la précarité. La justice française démontre ainsi sa détermination à établir les responsabilités dans ces crimes contre l’humanité en RDC, malgré l’absence obstinée du principal accusé.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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