La province de la Tshopo, poumon vert de la République Démocratique du Congo, suffoque sous le poids d’une exploitation minière illégale qui défie toutes les réglementations. Sept entreprises minières opèrent en toute impunité sans le moindre permis d’exploitation dans les territoires de Bafwasende, Banalia, Basoko et Ubundu, dévoilant un système de prédation organisée qui saigne les ressources naturelles de la région.
Cette réalité alarmante émerge d’une étude menée entre août et septembre dernier par l’Initiative pour la protection des droits de l’homme et la réinsertion, ainsi que Patrice Emery Lumumba pour le développement communautaire. Leurs investigations révèlent un paysage minier où l’ombre l’emporte sur la lumière, où la loi semble être une simple suggestion plutôt qu’une obligation.
Comment ces entreprises parviennent-elles à fonctionner en dehors du cadre légal ? La réponse se niche dans un système complexe de coopératives partiellement organisées ou totalement illégales, bénéficiant de complicités à plusieurs niveaux. Le tableau dressé par les chercheurs est accablant : participation active des femmes et des enfants dans des conditions dangereuses, implication d’acteurs étrangers particulièrement chinois, faible application des obligations fiscales, et absence totale de transparence dans la traçabilité des minerais.
Mais le plus inquiétant reste le parrainage d’acteurs politiques qui transforme cette fraude minière en véritable enterprise criminelle organisée. La Tshopo, riche en ressources naturelles, se voit ainsi dépouillée de son patrimoine sans que les communautés locales n’en retirent le moindre bénéfice durable.
Simplice Kapipa, coordonnateur de l’étude, ne mâche pas ses mots : « La situation exige une réponse ferme et immédiate. Le permis minier RDC n’est plus qu’un concept théorique dans ces territoires où l’État semble avoir abdiqué sa souveraineté ». Ses recommandations appellent à un renforcement du contrôle parlementaire sur la gestion des permis miniers, une amélioration de la procédure d’acquisition au cadastre minier, et une application sans complaisance de la loi.
L’urgence environnementale n’est pas en reste. Les entreprises minières sans autorisation opèrent sans le moindre respect pour les écosystèmes fragiles de la Tshopo, laissant derrière elles des paysages dévastés et des cours d’eau pollués. Les forêts, ces gardiennes du climat régional, paient un lourd tribut à cette exploitation sauvage.
La question qui brûle toutes les lèvres : jusqu’à quand cette hémorragie des ressources naturelles Tshopo pourra-t-elle continuer ? Les chercheurs annoncent leur intention de saisir le parquet général pour que tous ceux qui violent la loi minière soient poursuivis en justice. Une démarche courageuse dans un contexte où les intérêts économiques occultes semblent souvent l’emporter sur l’intérêt général.
La solution, selon Kapipa, passe par une coordination renforcée entre les ministères de l’Environnement, de l’Intérieur et du Travail pour une gestion intégrée des ressources naturelles. Une approche holistique qui reconnaît que la protection de l’environnement et le développement économique ne sont pas antagonistes, mais complémentaires.
Alors que le gouvernement provincial et national semblent encore chercher la meilleure approche, les communautés locales continuent de subir les conséquences de cette exploitation anarchique. Leur avenir, tout comme celui des précieux écosystèmes de la Tshopo, se joue aujourd’hui dans cette bataille entre la légalité et la prédation organisée.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
