Dans le territoire de Manono, au cœur de la province du Tanganyika, une école primaire attend désespérément la matérialisation des promesses gouvernementales. L’école primaire Lombe, située dans la sous-division d’Ankoro 1, vit un véritable calvaire depuis l’abandon des travaux de construction inscrits dans le cadre du Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145T).
Que se passe-t-il réellement avec ce projet PDL-145T tant attendu ? Le directeur de l’établissement, Mykerinos NKumwimba, ne cache plus son amertume. « L’entreprise EKMM, chargée de l’exécution des travaux depuis 2023, n’a rien fait de concret », déplore-t-il. Les agents se seraient contentés de creuser une fondation et de décharger quelques moellons au bord de la route avant de disparaître mystérieusement.
La situation devient particulièrement critique pour les élèves et enseignants. Imaginez-vous : une partie de l’infrastructure scolaire a été démolie en prévision des nouveaux bâtiments, mais les travaux n’avancent pas. Comment étudier dans de telles conditions ? Les salles de classe manquent, l’espace devient insuffisant, et l’environnement d’apprentissage se dégrade jour après jour.
« Il n’y a aucune avancée significative depuis qu’ils ont laissé ces histoires en cours de route. Ils sont partis, et jusque-là, c’est sans suite », témoigne le directeur, visiblement désemparé. Son école, située sur l’avenue circulaire à l’entrée d’Ankoro, symbolise aujourd’hui les espoirs déçus de toute une communauté.
Face à cette impasse, les autorités provinciales semblent enfin réagir. Eric Ngoy, coordonnateur provincial du PDL-145 territoires dans le Tanganyika, annonce un processus de réaffectation du projet. « Le gouvernement central, en collaboration avec le gouvernement provincial et le PNUD, a récemment effectué une mission d’évaluation des travaux dans l’ensemble de la province », précise-t-il.
Mais cette annonce suffira-t-elle à redonner confiance aux populations ? Le coordonnateur provincial tente de rassurer : « Le PDL-145 territoires va se poursuivre. Nous sommes en train de corriger les retards et de redynamiser les projets ». Des mots qui sonnent comme une promesse, mais qui peinent à convaincre sur le terrain.
Pendant ce temps, l’entreprise EKMM maintient un silence troublant. Malgré plusieurs tentatives de contact, ses responsables restent injoignables. Cette opacité alimente les interrogations sur le suivi réel des projets de développement local dans les territoires.
Le cas de l’école primaire Lombe à Ankoro n’est malheureusement pas isolé. Il reflète les difficultés persistantes dans la mise en œuvre du projet PDL-145T, particulièrement dans les zones reculées. Les attentes des populations restent fortes, mais se heurtent souvent aux lenteurs administratives et aux défaillances des prestataires.
Quelles leçons tirer de cette expérience ? D’abord, la nécessité d’un meilleur suivi des entreprises contractantes. Ensuite, l’importance d’une communication transparente avec les bénéficiaires directs. Enfin, l’urgence de mécanismes correctifs rapides lorsque les projets prennent du retard.
Le développement local des territoires congolais passe impérativement par la matérialisation concrète des projets annoncés. Les écoles, comme celle de Lombe à Ankoro, constituent des piliers essentiels pour l’avenir des jeunes générations. Leur construction ne saurait souffrir d’approximations ou d’abandons.
Alors que le gouvernement promet de réaffecter le projet à d’autres entreprises, la communauté scolaire de Lombe garde espoir. Mais le temps presse, et chaque jour perdu représente une opportunité d’apprentissage compromise pour des centaines d’enfants.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
