La situation sécuritaire dans le territoire de Shabunda, au Sud-Kivu, connaît une détérioration alarmante. La présence des groupes armés Wazalendo s’intensifie, plongeant les populations locales dans un cycle de violence et d’instabilité permanente. Ces miliciens imposent leur loi par la terreur, multipliant les exactions et les violations des droits humains.
Le drame de Kikamba, dans la chefferie de Bakisi, illustre cette brutalité quotidienne. Un homme a été froidement exécuté par des combattants Wazalendo pour n’avoir pas pu payer un prétendu « droit de passage ». Selon des témoins oculaires, la victime a été jetée vivante dans les eaux tumultueuses de la rivière Mugoma. Son corps n’a toujours pas été retrouvé, ajoutant au traumatisme des familles concernées.
Ce crime odieux a provoqué un mouvement de panique parmi la population. Pas moins de 579 ménages ont fui vers la brousse, abandonnant leurs habitations et leurs moyens de subsistance. Comment ces civils peuvent-ils vivre en sécurité lorsque leur vie ne tient qu’à un impôt arbitraire exigé par des groupes armés ?
La violence s’est également manifestée à Bokulu, en chefferie de Wakabango 1er. Le 31 octobre, des affrontements entre factions rivales de Wazalendo ont éclaté pour le contrôle stratégique de cette localité. Ces combats fratricides ont conduit à la capture d’un chef de guerre et de sa garde rapprochée, montrant les divisions au sein même de ces groupes armés.
Les conséquences humanitaires sont catastrophiques. Environ 2 547 ménages supplémentaires ont dû quitter précipitamment leurs villages, rejoignant les milliers de déplacés déjà victimes de l’insécurité chronique dans la région. Le territoire de Shabunda compte désormais des milliers de personnes déplacées internes, vivant dans des conditions précaires.
Les incidents survenus entre le 28 et le 31 octobre dans les groupements de Beigala et Ikama-Kasanza confirment cette spirale infernale. Les populations civiles sont prises en étau entre différents groupes armés qui se disputent le territoire. Les Wazalendo, présentés initialement comme des « patriotes », révèlent leur vrai visage : celui de prédateurs qui terrorisent ceux-là mêmes qu’ils prétendent défendre.
Face à cette situation explosive, les appels se multiplient pour une intervention urgente des autorités congolaises et des forces de sécurité régulières. La MONUSCO, présente dans la région, est-elle en mesure de remplir son mandat de protection des civils ? Les forces armées de la RDC peuvent-elles rétablir l’ordre dans ce territoire en proie à l’anarchie ?
La communauté humanitaire s’inquiète de l’aggravation de la crise. L’accès aux populations affectées devient de plus en plus difficile, entravant l’assistance vitale. Les organisations locales de défense des droits humains tirent la sonnette d’alarme : sans une action concertée et déterminée, Shabunda risque de sombrer dans le chaos complet.
Les violences des groupes armés dans le Sud-Kivu ne datent pas d’hier, mais leur intensification récente dans le territoire de Shabunda appelle des mesures immédiates. La sécurité des populations civiles doit devenir la priorité absolue des autorités compétentes. Le drame humain qui se joue dans l’Est de la RDC mérite plus qu’une attention passagère.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
